Hillary Clinton a proposé vendredi un nouvel élan pour sortir le processus de paix israélo-palestinien de l'impasse des colonies, appelant les deux parties à s'attaquer «sans délai» au fond du dossier, et annonçant que Washington sera un partenaire exigeant.

«Nous allons pousser les parties à présenter leurs positions sur les sujets-clé sans délai et en détail», a déclaré la secrétaire d'État américaine à Washington, dans un discours prononcé face à de nombreux responsables politiques des deux camps.

«Les États-Unis ne seront pas un partenaire passif», a-t-elle promis: «Nous travaillerons à réduire les désaccords, en posant les questions difficiles, en attendant de vraies réponses et en proposant nos idées quand cela sera nécessaire».

Mme Clinton s'exprimait au Saban Forum, une réunion de spécialistes de la région, quelques jours après l'annonce que Washington renonçait à obtenir d'Israël un nouveau moratoire sur la colonisation juive en Cisjordanie.

Cette question lancinante a empoisonné le processus de paix, conduisant à l'interruption, à peine un mois après son lancement en septembre, du dialogue direct que Washington avait réussi à rétablir entre Israël et les Palestiniens.

Ces derniers ont d'ailleurs répété avec force, toute cette semaine, qu'une reprise du dialogue direct était exclue tant que la colonisation continuera.

Washington veut tourner la page et amener les parties, chacune en tête-à-tête avec les États-Unis, à se concentrer désormais sur «les sujets-clé», c'est-à-dire les paramètres bien connus de la paix: la question des frontières, celle du statut de Jérusalem, celle des réfugiés. S'y ajoute le sort définitif des colonies.

Sur tous ces points, Hillary Clinton a exhorté les parties à conclure des compromis, à prendre «des décisions difficiles», même sur Jérusalem, «la question la plus sensible de toutes».

«Nous entamons cette phase avec des attentes claires», a-t-elle averti: «le sérieux des parties dans leur quête d'un accord sera mesuré à l'aune de leur engagement sur ces sujets-clé».

Ce volontarisme reflète celui du président américain Barack Obama, dont le porte-parole avait annoncé plus tôt dans la journée que «quels que soient les revers à court terme, il continuera à s'impliquer».

Si la tactique de Washington change, la stratégie reste, à terme, de faire asseoir Israéliens et Palestiniens à la même table, en vue de leur faire conclure la paix dans le cadre de deux États côte à côte.

«Depuis deux ans» a insisté Hillary Clinton, «vous m'avez entendue répéter, encore et encore, que les négociations entre les parties seraient l'unique voie pour réaliser leurs aspirations (...). Cela reste vrai».

Répétant que «seules les parties sont capables de réussir la paix», la secrétaire d'Etat a enfin appelé les deux camps à s'abstenir de «saper les efforts».

Elle a ainsi ciblé clairement la tentation palestinienne de chercher une reconnaissance à l'ONU, mais aussi les «annonces provocatrices» de nouvelles implantations juives dans la partie arabe de Jérusalem.

Avant ce long discours, la secrétaire d'État avait enchaîné pendant toute la journée de vendredi les entretiens en tête-à-tête sur le Proche-Orient, dialoguant notamment avec Ehud Barak, le ministre israélien de la Défense, et avec le premier ministre palestinien Salam Fayyad.

Quant à l'émissaire américain George Mitchell, il s'envolera dès dimanche pour la région, où il rencontrera le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Il se rendra ensuite en Egypte, en Jordanie et dans plusieurs pays européens pour exposer les nouvelles perspectives américaines.