Le président palestinien Mahmoud Abbas a exclu jeudi des négociations avec Israël sans un gel de la colonisation dans les territoires occupés, au moment où s'engagent d'intenses discussions diplomatiques pour sortir le processus de paix de la crise.

Il s'exprimait après l'annonce mardi par les États-Unis qu'ils renonçaient à exiger l'arrêt de la colonisation juive en Cisjordanie occupée comme préalable à des discussions sur un accord entre Israéliens et Palestiniens.

«Quels que soient les résultats des consultations (...) nous n'accepterons pas de négociations tant que la colonisation se poursuit», a déclaré M. Abbas après une rencontre avec le président égyptien Hosni Moubarak au Caire.

«Nous avons dit cela clairement aux Américains», a-t-il martelé, après que Washington eut fait savoir que ses efforts pour obtenir un gel de la colonisation avaient échoué.

«Nous voulons savoir ce qui s'est passé exactement entre les États-Unis et Israël», a-t-il ajouté en confirmant qu'il rencontrerait lundi l'émissaire américain George Mitchell, qui revient dans la région.

Le président de l'Autorité palestinienne a jugé «nécessaire d'avoir de claires références à la paix», ajoutant qu'il discuterait de toutes ces questions avec «le comité de suivi (de la Ligue arabe), puis avec la direction palestinienne, et ensuite il y aura une décision».

Il n'a pas cependant dit s'il accepterait des négociations indirectes sous l'égide des États-Unis, qui ont avancé cette possibilité.

M. Abbas a également réaffirmé que le futur État palestinien devait exister dans les frontières de 1967 (avant la conquête par Israël de la Cisjordanie, de Jérusalem-est de de Gaza lors de la guerre des Six-Jours), et qu'il «refusait  catégoriquement toute présence israélienne sur la terre palestinienne après l'établissement d'un État palestinien».

La réunion de la Ligue arabe, initialement attendue ce week-end, devrait se tenir la semaine prochaine pour tenir compte de la rencontre Abbas-Mitchell de lundi, a indiqué le chef de l'organisation panarabe Amr Moussa.

Les négociations de paix directes, relancées le 2 septembre, sont suspendues depuis la reprise fin septembre de la construction dans les colonies juives à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie.

Les États-Unis, après avoir annoncé leur recul sur l'exigence d'un moratoire sur la colonisation, ont assuré mercredi qu'ils visaient toujours un accord de paix à l'été 2011, bien qu'ils aient «modifié leur approche».

Entretemps, d'intenses efforts diplomatiques se mettent en place pour tenter de sauver le processus de paix.

Selon des sources officielles palestiniennes, le principal négociateur palestinien Saëb Erakat se rend jeudi à Washington pour rencontrer la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. M. Abbas a promis qu'il n'y aurait aucune «rencontre secrète» avec des Israéliens à cette occasion.

Le premier ministre palestinien Salam Fayyad va lui aussi rencontrer vendredi Mme Clinton, avant une conférence au cours de laquelle la chef de la diplomatie américaine doit expliquer la nouvelle approche de Washington.

Le ministre israélien de le Défense Ehud Barak s'est pour sa part rendu mercredi soir à Washington et l'émissaire spécial du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, Yitzhak Molcho, se trouve déjà aux États-Unis.

Après le Caire, M. Abbas est attendu à Amman, a déclaré le représentant de l'Autorité palestinienne en Égypte, Barakat al-Farra, au journal gouvernemental égyptien al-Ahram.

L'Égypte et la Jordanie, les deux seuls pays arabes à avoir signé des traités de paix et à avoir des relations diplomatiques avec Israël, sont associés aux efforts de paix américains.