Des militants du Hezbollah et l'actuel chef des services secrets libanais auraient trempé dans l'assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri, en 2005, révèle une enquête du réseau anglophone CBC, dont les premiers éléments ont été diffusés hier soir.

Dans le cadre de sa recherche, le journaliste Neil McDonald a obtenu des documents que l'Organisation des Nations unies (ONU) aurait tenté de cacher. Ces documents feraient l'analyse d'un réseau téléphonique utilisé à la suite de l'explosion qui a coûté la vie au politicien. Ce réseau téléphonique mènerait «directement ou indirectement» au Hezbollah, indique un reportage diffusé hier soir à la télévision d'État.

Les résultats complets de la recherche du reporter seront divulgués dans un documentaire diffusé ce soir sur les ondes ainsi que le site internet de la CBC.

Sous surveillance

Mais déjà, hier, on a aussi appris qu'un autre document de l'ONU daté de 2008 recommandait de mettre sous surveillance Wissam al Hassan, qui était alors le chef de la sécurité de Rafic Hariri et qui est actuellement chef des services secrets libanais. M. al Hassan était absent au moment du drame. La commission chargée de faire la lumière sur l'assassinat du premier ministre, qui a également fauché la vie à une vingtaine de personnes, avait refusé de le faire pour des motifs diplomatiques, explique le reportage.

L'ONU aurait tenté de récupérer les documents controversés, mais la CBC a refusé de les lui remettre. Le reportage montrerait par ailleurs l'ineptie et le laxisme de l'ONU dans les débuts de son enquête sur la mort de Hariri.

Il va sans dire que les informations divulguées pourraient engendrer des répercussions importantes sur le plan géopolitique.

À l'époque, la mort de Hariri avait engendré une révolte populaire contre la Syrie, soupçonnée d'avoir joué un rôle dans l'assassinat. L'opposition politique et des pays occidentaux avaient d'ailleurs alimenté cette thèse.

De son côté, le Hezbollah, parti intégriste chiite, avait accusé Israël d'être derrière le meurtre.

Rafic Hariri a dirigé le Liban de 1992 à 1998 et de 2000 à 2004. Avant d'entreprendre sa carrière de politicien, il a connu durant près de 30 ans un immense succès comme homme d'affaires en Arabie Saoudite.