Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, et le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou étaient engagés jeudi à New York dans un entretien-marathon, au chevet d'un processus de paix au Proche-Orient très mal en point.

Le rencontre, qui a débuté par un tête-à-tête de deux heures, avant d'être élargie aux proches collaborateurs, était toujours en cours à 15H50 (20H50 GMT), plus de six heures après avoir commencé.

Un haut responsable israélien a confié à la presse que cette durée excédait largement celle prévue au départ, sans rien indiquer de la teneur de l'entretien.

La secrétaire d'État avait fait le voeu au début de la rencontre de «trouver un moyen d'avancer», assurant que M. Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas étaient «très engagés en faveur d'une solution à deux États».

D'après le dirigeant israélien, l'entretien devait porter sur «la façon de reprendre et de continuer ce processus, pour trouver un accord historique, la paix et la sécurité entre nous et les Palestiniens».

C'est le premier entretien israélo-américain depuis la défaite du président Barack Obama aux législatives américaines du 2 novembre.

L'analyste américain Aaron David Miller, du centre Woodrow Wilson, a estimé dans un entretien à l'AFP que M. Netanyahu se montrerait intransigeant face à la secrétaire d'État.

Le dirigeant israélien, selon lui, devrait se sentir plus à l'aise face à un président Obama «sur la défensive» après la défaite des démocrates aux législatives américaines. «La question n'est pas seulement qu'il y aura plus de républicains au Congrès. C'est aussi que les priorités de l'administration ont changé».

Nathan Brown, de l'université George Washington, voit avec le même prisme le rejet vif des critiques américaines par Israël cette semaine.

«Le ton était fort et comportait un élément de confrontation», alors que les critiques de M. Obama étaient mesurées, a-t-il noté pour l'AFP: «Ce n'était pas une attaque, plutôt l'indication d'un changement d'attitude envers les déclarations de l'administration Obama».

M. Nétanyahou n'a toutefois fait que réaffirmer une position ancienne, tempérait M. Brown. Le véritable problème pour M. Obama serait «sa stratégie qui n'a pas produit de résultats», plutôt qu'une «Chambre des représentants hostile, qui sera un désagrément, mais pas un obstacle insurmontable» en politique étrangère.

«La situation cette semaine n'est pas fondamentalement différente de ce qu'elle était il y a deux semaines» avant les élections, a affirmé mercredi un haut responsable américain à l'AFP sous couvert de l'anonymat.

«Nos difficultés tiennent à la politique là-bas (en Israël), pas à la politique ici», a pointé cette source, dans une allusion à la coalition entre M. Nétanyahou et l'extrême droite israélienne.

Le «dialogue direct» israélo-palestinien avait repris le 2 septembre à Washington, après vingt mois d'efforts américains intenses.

Le processus devait déboucher sur un accord de paix en un an. Mais il paraît déjà au bord de l'effondrement, après le refus d'Israël de prolonger un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée.

Cette semaine, l'annonce de la construction de 1300 logements juifs dans la partie à majorité arabe de Jérusalem a encore envenimé la situation, bien qu'Israël ait souligné qu'aucun moratoire sur les constructions juives n'avait jamais concerné la Ville Sainte.

En réponse, le président palestinien Mahmoud Abbas compte en appeler au Conseil de sécurité de l'ONU. Jeudi, il a dit tenir pour un «engagement» de Barack Obama l'évocation, par le président américain en septembre dernier, de son espoir que la Palestine devienne membre des Nations unies d'ici septembre 2011.

La position américaine reste, pour l'heure, que les négociations entre les parties sont le seul moyen de résoudre toutes les questions associées au conflit.