La Russie «a vendu» l'Iran aux États-Unis en annulant un contrat de livraison de missiles S-300, a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad lors d'un discours en province, diffusé en direct par la télévision d'État.

«Certains, sous l'influence de Satan, pensent qu'ils peuvent annuler unilatéralement et illégalement un contrat de défense et que cela va porter atteinte à la nation iranienne. Ils (les Russes, ndlr) nous ont vendus à nos ennemis (les États-Unis) en annulant le contrat unilatéralement», a-t-il dit.

«Je veux leur dire que nous considérons que le contrat est toujours valide. Ils doivent l'exécuter. S'ils ne le font pas, la nation iranienne fera valoir ses droits», sur les pertes subies et avec «des amendes», a affirmé le président iranien à Bojnourd, dans le nord du pays.

C'est la première fois que le président iranien réagissait à l'annonce de l'annulation de la livraison de missiles controversés S-300.

Le 22 septembre, le président russe Dmitri Medvedev avait interdit cette livraison à l'Iran, en application d'une nouvelle résolution de l'ONU sanctionnant Téhéran pour son programme nucléaire controversé. La Maison-Blanche avait salué cette décision.

«S'ils annulent le contrat sur la vente de missiles, la nation iranienne tiendra bon devant le front de l'arrogance (les pays occidentaux, ndlr) et notamment le gouvernement américain», a affirmé M. Ahmadinejad, en ajoutant: «la nation iranienne n'a pas besoin de missiles pour se défendre».

La Russie a dit, en octobre, qu'elle rembourserait à l'Iran l'acompte versé.

«Nous sommes en train de préparer tous les documents nécessaires», avait déclaré le 7 octobre Sergei Chemezov, directeur général de la société nationale d'exportation d'armes russe Rosoboronexport, en précisant que la Russie avait «reçu un acompte de 166,8 millions de dollars pour ce contrat».

«Bien sûr, ils (les Iraniens, ndlr) ne sont pas très contents», mais «nous n'avons pas le choix», avait-il ajouté.

L'Europe, les États-Unis et Israël s'étaient élevés contre le contrat entre la Russie et l'Iran, car le système perfectionné de missiles, équivalent du système Patriot américain, permettrait à Téhéran de défendre efficacement ses installations nucléaires en cas de frappes aériennes.

Membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie avait voté en faveur des sanctions iraniennes malgré ses liens avec Téhéran dans le domaine économique et énergétique. Les Russes ont notamment construit la première centrale nucléaire de l'Iran lancée fin août à Bouchehr (sud).

M. Chemezov avait précisé qui si la Russie était «obligée de rembourser» l'acompte, son pays ne parlait «d'aucune autre compensation».

Interrogé sur l'échéance du remboursement, il avait indiqué qu'il était «peu probable que ce soit cette année».