Le Yémen recherchait dimanche des suspects au lendemain de l'arrestation d'une femme soupçonnée d'avoir agi pour le compte d'Al-Qaïda en envoyant les deux colis piégés aux États-Unis.

Washington a écarté l'existence d'autres colis, le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, déclarant qu'il n'y avait «aucune indication qu'il y a encore d'autres (colis piégés) en circulation».

Il a toutefois indiqué que le gouvernement avait pris les mesures nécessaires au cas où il y en aurait d'autres, lors de l'émission dominicale Meet the Press de la chaîne NBC.

La ministre britannique de l'Intérieur Theresa May a indiqué pour sa part sur la BBC qu'un examen des procédures de sécurité allait être réalisé dans le fret aérien. «Nous regardons de près la façon dont le fret est inspecté, nous allons entamer des discussions avec les professionnels du secteur sur le sujet», a-t-elle dit.

Samedi soir, les forces de sécurité yéménites ont établi des points de contrôle dans la plupart des quartiers de Sanaa, vérifiant l'identité des passagers des voitures, selon un correspondant de l'AFP.

La fouille des passagers et des bagages a été renforcée à l'aéroport international de Sanaa, selon des sources de sécurité.

Sanaa avait annoncé samedi avoir arrêté une femme «suspectée d'avoir envoyé des bombes dans des colis» et dont le numéro de portable figurait sur les bordereaux des paquets.

Adressés à des lieux de culte juifs à Chicago (États-Unis), ces colis en provenance du Yémen ont été interceptés vendredi dans les aéroports de Dubaï et d'East Midlands, dans le centre de l'Angleterre.

La femme arrêtée, présentée d'abord comme une étudiante en médecine suit en fait des cours d'ingénierie selon ses camarades qui ont manifesté dimanche à Sanaa pour demander sa libération.

Plus de 500 étudiants de la Faculté de génie de l'Université de Sanaa, dont des étudiantes entièrement voilées, ont défilé sur le campus, scandant: «Où est la justice, où est la sécurité? Libérez Hanane».

Un groupe de défense des droits de l'Homme yéménite a mis en doute la culpabilité de cette femme, Hanane al-Samaoui, 22 ans, arrêtée en même temps que sa mère. «Nous savons très bien qu'Al-Qaïda ne laisse jamais de traces», a déclaré à l'AFP Abdel Rahmane Barmane, de l'organisation Hood.

«Tous les employés» des compagnies de fret américaines FedEx et d'UPS à Sanaa ont été arrêtés samedi et interrogés, a-t-il indiqué, disant ignorer s'ils ont été relâchés.

Les autorités avaient fermé samedi les bureaux de FedEx et d'UPS à Sanaa. La première acheminait le colis de Dubaï, la seconde celui de Grande-Bretagne.

Elles ont aussi saisi 26 colis suspects et interpellé des employés des compagnies de transport aérien et de la division cargo de l'aéroport de Sanaa, selon une une source proche de l'enquête.

La police de Dubaï a indiqué avoir trouvé un mélange de penthrite et de plomb, un explosif très puissant, dissimulé dans une imprimante, muni d'un détonateur et «portant l'empreinte d'organisations comme celle d'Al-Qaïda».

Qatar Airways a indiqué que le colis de Dubaï avait été acheminé sur l'un de ses avions mais affirmé qu'il n'était pas responsable de son contenu.

La compagnie n'a pas précisé si le colis avait été transporté par un avion cargo ou sur un vol passager mais le programme de l'aéroprt de Dubaï montre qu'il n'y a pas de vol cargo récent de la compagnie au départ de Doha.

Selon la presse américaine, les bombes présentent un niveau de sophistication qui est la marque de «professionnels» et les enquêteurs y voient la main de l'artificier saoudien d'Al-Qaïda au Yémen, Ibrahim Hassan al-Asiri, 28 ans, qui est sur la liste des hommes les plus recherchés d'Arabie saoudite.