La situation au Liban est «hyper dangereuse» du fait de la présence de milices armées, a estimé jeudi l'envoyé spécial de l'ONU au Liban, tandis que l'ambassadrice américaine accusait la Syrie et l'Iran de continuer à armer le Hezbollah libanais.

L'envoyé spécial, Terje Roed Larsen, a ajouté qu'il était urgent de désarmer les groupes comme le Hezbollah, mettant en garde contre «un ouragan qui souffle» sur le Proche-Orient.

«Le Liban est davantage en conflit chaque jour. Et nous savons qu'au Liban il y a des milices qui sont lourdement armées et cela crée une situation hyper dangereuse», a-t-il dit.

«Evidemment ces armes ne viennent pas de la lune», a remarqué l'envoyé spécial, soulignant qu'«il y a quelque chose de consistant entre les accusations que nous entendons et ce que nous entendons du Hezbollah lui-même en ce qui concerne ses capacités».

«Nous voyons aujourd'hui une région balayée par des vents contraires et un ouragan qui souffle. Au milieu de ces vents contraires, il y a une tente et cette tente est tenue par deux piquets: l'un est les Palestiniens, l'autre est le Liban. Si l'un de ces piquets craque, toute la tente va s'effondrer», a-t-il dit à la presse.

«En d'autres termes, si la situation au Liban est déstabilisée, je crains que cela n'ait des effets à travers la région», a-t-il ajouté. Le Liban et le Moyen-Orient «ne sont pas seulement (des problèmes) locaux, ce n'est pas seulement régional, cela aura d'énormes implications internationales», a averti l'envoyé spécial.

«J'ai dit au Conseil de sécurité que c'est le problème le plus critique pour la paix internationale et la sécurité aujourd'hui», a-t-il souligné.

Selon des informations non confirmées, le Tribunal spécial sur le Liban (TSL), mis en place par l'ONU pour enquêter sur l'assassinat en février 2005 à Beyrouth de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, devrait accuser des membres du Hezbollah.

Un bras de fer oppose le camp du premier ministre Saad Hariri, fils Rafic Hariri, au Hezbollah qui accuse le TSL d'être «politisé» et d'avoir bâti son enquête sur de faux témoignages.

Aux propos de l'envoyé spécial s'est ajoutée une déclaration de l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, qui a accusé l'Iran et la Syrie de continuer à armer le Hezbollah. Ce dernier exerce, selon elle, une influence «destructrice et déstabilisante» dans la région.

«Le Hezbollah demeure la milice la plus importante et la plus lourdement armée du Liban. Il ne pourrait avoir réussi cela sans l'aide de la Syrie et l'apport d'armes syriennes et iraniennes», a-t-elle affirmé.

«Nous continuons à éprouver une profonde inquiétude à propos de l'influence destructrice et déstabilisante du Hezbollah dans la région, de même qu'à propos des tentatives d'acteurs étrangers, y compris la Syrie et l'Iran, de saboter l'indépendance du Liban et de mettre en danger sa stabilité», a-t-elle ajouté.

«Certains acteurs, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Liban, y compris la Syrie, le Hezbollah et l'Iran, pourraient croire que la montée des tensions sectaires les aiderait à établir leur autorité sur le Liban», a-t-elle encore souligné.

L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar al-Jafari, a démenti que son pays livrait des armes aux milices libanaises. Les déclarations de Mme Rice, a-t-il dit, «sont en contradiction totale avec beaucoup de faits concernant les évolutions positives au Liban». Mme Rice «a donné du crédit à des faits faux», a-t-il ajouté devant la presse.