Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé jeudi les États-Unis à mener une «enquête minutieuse» sur les crimes commis en Irak et sur lesquels les Américains auraient fermé les yeux, selon des milliers de documents publiés par le site Internet WikiLeaks.

«Une étude détaillée est bien entendu nécessaire concernant l'apparition de témoignages sur les meurtres de civils innocents, sur les tortures et les mauvais traitements infligés à des prisonniers, des faits dont le commandement militaire américain était conscient, selon les médias», a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.

«Les autorités des États-Unis ont l'obligation de mener une enquête minutieuse, indépendante et transparente sur toutes les informations reprises par les médias», poursuit le texte.

Le ministère russe «espère» aussi que les résultats d'une telle enquête «seront publiés en toute transparence et que les organisations de défense des droits de l'homme et toutes structures internationales concernées seront informées».

La diplomatie russe estime que les États-Unis prouveront ainsi leur «attachement» aux droits de l'homme «au respect desquels ils appellent constamment les autres pays».

Moscou dénonce régulièrement les critiques des États-Unis contre les atteintes aux droits de l'homme en Russie, estimant que l'Occident mène en la matière une politique de «deux poids, deux mesures».

La Russie s'est notamment toujours refusée à mener une enquête indépendante sur les crimes commis par les forces russes lors des deux guerres qui ont opposé, depuis la chute de l'URSS, les forces russes à une rébellion indépendantiste en Tchétchénie, république du Caucase russe.

Le site WikiLeaks a publié vendredi environ 400 000 rapports d'incidents, écrits de 2004 à 2009 par des soldats américains, qui relatent notamment des cas de torture par les forces irakiennes, sur lesquels les Américains auraient fermé les yeux, ainsi que «plus de 300 cas de torture commis par les forces de la coalition», selon le fondateur du site, Julian Assange.

Les documents révèlent aussi que le conflit a fait 109 032 morts en Irak, dont plus de 60% de civils, soit 66 081 personnes. Sur ce total, 15 000 décès de civils n'avaient jusqu'à présent pas été révélés, selon WikiLeaks.

Le haut commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a déjà appelé mardi les autorités américaines et irakiennes à enquêter sur les allégations de torture et les autres «violations des droits de l'homme» en Irak figurant dans des documents militaires confidentiels publiés par WikiLeaks.

Le chef d'état-major de l'armée de terre américaine a assuré lundi que les États-Unis avaient tenté d'empêcher les autorités irakiennes de pratiquer la torture, réfutant les informations du site WikiLeaks selon lesquelles des cas de violence ont été couverts par Washington.