Une fondation américaine affirme que des détenus ont été victimes de mauvais traitements dans une prison secrète installée dans l'enceinte de la principale base militaire américaine en Afghanistan.

L'armée américaine admet depuis longtemps l'existence d'une prison à la base militaire de Bagram. D'anciens détenus affirment toutefois, depuis des années, avoir été incarcérés dans une deuxième prison secrète, plus petite, et baptisée «la prison noire».

L'armée américaine a réfuté ces allégations, jeudi, et affirme que toutes ses prisons se conforment aux Conventions de Genève.

Le rapport rendu public jeudi par la Open Society Foundations newyorkaise, une organisation financée par le milliardaire libéral George Soros, énonce une multitude de mauvais traitements qui auraient été infligés aux détenus - notamment une exposition excessive à la lumière et au froid, un manque de nourriture et de couvertures, un manque de sommeil, des examens médicaux réalisés à nu et une interdiction de pratiquer leur religion.

Ces allégations, si elles sont vraies, pourraient tarnir la réputation de l'administration Obama, qui se targue d'avoir amélioré et rendues plus transparentes les conditions de détention qui prévalaient sous George Bush.

L'enquête se base sur des entrevues réalisées avec 18 anciens détenus qui prétendent avoir été incarcérés à la «prison noire», la moitié en 2009 et l'autre moitié cette année. La fondation affirme que leurs récits sont conformes les uns aux autres.

«On ne parle pas d'être menacé de mort lors d'un interrogatoire avec une perceuse électrique contre la tempe, a écrit l'auteur du rapport, Jonathan Horowitz. Il est plutôt question de conditions de détention courantes qui, lorsqu'elles sont prises dans leur ensemble, présentent une image très troublante.»

Les États-Unis reconnaissent détenir des prisonniers en divers endroits avant leur transfert vers la prison principale ou leur remise aux autorités afghanes, mais nient l'existence de la «prison noire».

«Le département de la Défense ne dispose pas de «prisons secrètes»', a indiqué une porte-parole de l'armée américaine. La capitaine Pamela Kunze a précisé que si les coordonnées exactes de certains centres de détention sont gardées secrètes pour des raisons de sécurité, aussi bien la Croix-Rouge que le gouvernement afghan en connaissent néanmoins l'existence.

Les détenus interrogés par la Open Society Foundations affirment que leurs cellules étaient si froides que c'était comme «dormir dans un réfrigérateur». D'autres affirment que la nourriture fournie était de si mauvaise qualité qu'ils ne pouvaient manger que les biscuits qui accompagnaient leurs repas.

Les anciens prisonniers se sont aussi plaints de ne pas avoir été à même de pratiquer correctement leur religion et d'avoir été soumis à des examens médicaux à nu, en dépit de préoccupations culturelles liées à la nudité. Ils affirment également que les représentants de la Croix-Rouge n'ont pas pu les visiter librement.

La Croix-Rouge a refusé de répondre directement à ces allégations.