Le gouverneur d'une province et 19 autres personnes ont été tuées vendredi dans un attentat à la bombe dans une mosquée du nord de l'Afghanistan, dans une région où les talibans gagnent du terrain depuis deux ans, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Mohamad Omar, gouverneur de la province de Kunduz (nord) a péri, ainsi que l'imam de la mosquée de Taulqan, dans la province voisine de Takhar, d'où était originaire le gouverneur, a déclaré à l'AFP Shah Jahan Noori, le chef de la police provinciale.

M. Omar multipliait les discours hostiles aux talibans, répétant qu'ils s'étaient considérablement renforcés grâce également à la présence d'Al-Qaïda dans cette province de Kunduz encore épargnée par les violences il y a deux ans.

«Vingt personnes ont été tuées, dont le gouverneur, et 15 blessées», a indiqué à l'AFP Zemaraï Bashary, le porte-parole du ministère de l'Intérieur à Kaboul. Il a ajouté qu'une enquête était en cours pour savoir s'il s'agissait d'un attentat suicide ou si la bombe avait été cachée dans la mosquée.

Kunduz est une province emblématique de la progression géographique et de l'intensification de l'insurrection des talibans ces trois dernières années, malgré la présence de 152 000 soldats des forces internationales, américains pour plus des deux tiers.

Cette insurrection, qui est entrée jeudi dans la 10e année, est de plus en plus meurtrière pour les civils mais aussi dans les rangs des troupes étrangères. Un militaire de la force de l'Otan (Isaf) a d'ailleurs péri vendredi dans une attaque des talibans dans le sud, portant à 565 le nombre de soldats étranger tués en 2010 en Afghanistan, l'année la plus meurtrière en neuf ans de guerre (contre 521 morts en 2009).

Par ailleurs, dans l'est, la force internationale de l'Otan a été accusée d'avoir tué vendredi six policiers tribaux dans le raid d'un de ses hélicoptères.

Le drame s'est produit dans la province de Khost, un bastion des talibans dans le sud-est. Une unité de police tribale récemment lancée pour combattre les talibans dans des villages isolés de la province a ouvert le feu sur un hélicoptère de l'Otan, a expliqué à une foule en colère à Khost, la capitale provinciale, le chef de la police Abdul Hakim Ishaqzaï. Il tentait ainsi de calmer les manifestants, a rapporté un correspondant de l'AFP.

«En retour, l'hélicoptère les a bombardés et tué six d'entre eux», a-t-il ajouté.

À Kaboul, la force de l'Otan a livré une autre version dans un communiqué. «L'équipage de l'hélicoptère de l'Isaf a identifié un groupe d'individus armés qui venait d'une position ennemie» et a tiré, tuant cinq d'entre eux. «L'Isaf est au courant des accusations» sur la mort de policiers tribaux et «a dépêché une équipe» pour enquêter, dit le texte.