Les sanctions internationales prises contre l'Iran commencent à porter leurs fruits, a déclaré jeudi à Washington le ministre français de la Défense, Hervé Morin, qui a estimé que ces sanctions avaient provoqué «un débat» au sein du régime iranien.

«Les sanctions qui ont été adoptées au-delà de la résolution des Nations unies par un certain nombre de pays (...) portent leurs fruits, ce qui fait qu'aujourd'hui il y a un débat qui commence à exister au sein de la classe dirigeante et politique iranienne», a déclaré M. Morin lors d'une conférence de presse au Pentagone.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates, qui s'exprimait à ses côtés, a également observé que les sanctions internationales s'avéraient «plus efficaces et plus sévères qu'on ne l'aurait imaginé avant l'adoption de la résolution de l'ONU».

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une nouvelle série de sanctions contre l'Iran en juin, afin d'amener ce pays à renoncer à s'équiper de l'arme nucléaire.

Les pays occidentaux du Conseil de sécurité ont demandé mercredi des actions plus dures pour la mise en oeuvre de ces sanctions. En réaction, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a estimé que de nouvelles sanctions seraient sans effet.

M. Morin a déclaré être tombé d'accord avec ses interlocuteurs américains pour dire que «nous devons faire preuve d'une détermination absolue, d'une volonté sans faille et que nous ne devons montrer aucune faiblesse dans notre résolution» face à l'Iran.

«Il faut que ces sanctions économiques pèsent de tout leur poids pour que nous amenions l'Iran à prendre un peu plus ses responsabilités», a estimé le ministre français.

M. Gates a salué l'attitude de Paris dans le dossier iranien ainsi que sur l'Afghanistan, où les troupes françaises combattent aux côtés des Américains.

M. Morin a été interrogé sur la récente polémique autour du Coran et de l'interdiction du voile intégral en France, pour savoir si ces controverses risquaient de menacer les soldats alliés en Afghanistan.

«Le risque et la menace sont permanents (...) et je n'ai pas le sentiment que cela change fondamentalement les choses», a déclaré le ministre. «Quand vous êtes au maximum, quelle que soit l'inconscience de tel ou tel propos, vous ne pouvez pas aller au-delà».

Le commandant en chef des troupes alliées sur le terrain, le général américain David Petraeus s'était inquiété des risques que faisaient peser sur les soldats de la coalition le projet d'un groupuscule chrétien américain de brûler le Coran samedi dernier, jour du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre. Les auteurs de ce projet y ont finalement renoncé à la dernière minute.

À propos de l'interdiction du port du voile intégral sur la voie publique en France, adoptée cette semaine en première lecture par l'Assemblée nationale, M. Morin a assuré n'avoir reçu «aucune réaction d'aucune capitale arabe nous indiquant une quelconque hostilité sur ce sujet».