Le premier ministre irakien Nouri al-Maliki a estimé mardi, au dernier jour de la mission de combat de l'armée américaine dans ce pays, que l'Irak était désormais «un pays souverain et indépendant» assurant que son armée était capable d'y assurer la sécurité.

«C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens. L'Irak devient aujourd'hui un pays souverain et indépendant», a estimé M. Maliki dans un discours retransmis par la chaîne publique Iraqiya.

«Malheureusement, nous sommes confrontés à une campagne de scepticisme et nous sommes sûrs que son objectif est d'empêcher le retrait», a-t-il déclaré.

«Je vous réaffirme que les forces de sécurité irakiennes sont capables d'assumer leurs responsabilités», a martelé le chef du gouvernement.

Plus de sept ans après la chute de l'ex-dictateur Saddam Hussein, la situation est encore loin d'être stabilisée en Irak, théâtre d'un regain d'attentats ces dernières semaines. Et faute d'accord entre les partis politiques, aucun nouveau gouvernement n'a toujours été formé à la suite des élections du 7 mars.

Venu en Irak pour marquer avec les troupes le début d'une nouvelle page de la présence militaire américaine, le vice-président américain Joe Biden devait profiter de cette visite pour exhorter de nouveau les dirigeants irakiens à mettre de côté leurs intérêts pour forger un gouvernement incluant toutes les tendances.

Comme il s'y était engagé peu après son investiture en janvier 2009, le président Barack Obama annoncera officiellement mardi soir (minuit GMT) la fin de la mission de combat de ses troupes en Irak lors d'un discours prononcé dans le cadre solennel du Bureau ovale de la Maison-Blanche.

Compte tenu du regain de violences, ce retrait a soulevé l'inquiétude quant à la capacité des forces irakiennes à prendre le relais de la sécurité.

M. Biden s'est efforcé de dissiper les craintes.

«Ca va aller pour nous, et ça va aller pour eux», a-t-il brièvement déclaré lundi soir aux journalistes qui l'interrogeaient sur le regain de violences.

L'armée américaine organisera mercredi en présence de M. Biden, une cérémonie pour le début de sa nouvelle opération en Irak, dite «Aube nouvelle» («New Dawn»), qui portera essentiellement sur l'entraînement des forces de sécurité locales.

Le contingent américain compte actuellement 49.700 hommes, contre 170.000 en 2007, au plus fort des violences confessionnelles. Un peu plus de 4.400 militaires américains ont péri en Irak depuis 2003.

Aucune manifestation de joie particulière n'est attendue dans les rues irakiennes, contrairement à ce qui avait été observé fin juin 2009 lorsque les forces américaines s'étaient retirées des villes.

«Aujourd'hui, ce n'est pas un tournant. J'étais au café avec des amis hier et personne ne parlait de la fin de la mission de combat», a déclaré Yasser al-Moussaoui, un informaticien de Bagdad de 32 ans. «Cela intéresse plus les Américains.»

Dans un contexte politique incertain à Bagdad, beaucoup d'Irakiens appréhendent surtout le retrait total fin 2011 des Américains.

Le chef de l'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a même jugé récemment prématuré le retrait américain, exhortant les États-Unis à demeurer dans son pays jusqu'à ce que l'armée soit complètement prête en 2020.

«Si les hommes politiques continuent à se battre pour les fauteuils, la situation va s'aggraver», a confié Salah Abou al-Qassim, un commerçant du marché de Chorja, dans le centre de Bagdad.

M. Biden, dont c'est la sixième visite en Irak depuis janvier 2009, devait notamment s'entretenir avec les chefs des deux principales listes au Parlement, M. Maliki et l'ex-chef du gouvernement Iyad Allawi, dont les ambitions sont souvent citées parmi les raisons du blocage actuel.

«Sans un gouvernement élu, il va être difficile pour l'Irak de régler les grandes questions qui demeurent», a déclaré lundi soir aux journalistes à Bagdad son conseiller pour la sécurité nationale, Tony Blinken.