Les colons ont mis en demeure mercredi le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou de relancer la colonisation le 26 septembre, au risque de faire capoter les négociations directes de paix avec les Palestiniens qui reprennent le 2 septembre à Washington.

«Impossible de se payer de mots, c'est littéralement l'heure du jugement pour notre premier ministre et son gouvernement», a affirmé à l'AFP Naftali Bennet, chef de Yesha, la principale organisation de colons.

«Nous ne permettrons pas que M. Nétanyahou manque à ses engagements et maintienne, même partiellement, le moratoire de dix mois dans la construction (à l'intérieur des colonies) qui vient à terme le 26 septembre», a-t-il ajouté.

Il a averti que son organisation «va lancer dans les prochains jours une campagne très agressive, au niveau politique et dans la rue, pour contraindre le gouvernement à être fidèle au mandat qu'il a reçu de la majorité de l'opinion».

Dans la foulée, les colons exigent de M. Nétanyahou qu'il enjoigne au ministre travailliste de la Défense, Ehud Barak, responsable des territoires occupés, de signer les appels d'offres pour de nombreux chantiers en souffrance «afin que la vie puisse reprendre normalement».

M. Nétanyahou doit participer le 2 septembre à Washington à une cérémonie marquant la reprise officielle des négociations directes de paix avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas suspendues depuis 20 mois.

«Si M. Nétanyahou décide de relancer les appels d'offre dans les colonies après le 26 septembre, il aura décidé de mettre fin aux négociations», a de son côté averti lundi le principal négociateur palestinien Saëb Erakat.

L'administration américaine, sous l'égide de laquelle les pourparlers directs doivent reprendre, considère la colonisation comme «contre-productive pour le processus de paix».

Autant dire que le premier ministre israélien est confronté à une véritable quadrature du cercle. S'il fait défaut à ses alliés religieux et d'extrême droite, il compromet la cohésion de sa coalition gouvernementale. Dans le cas contraire, il s'aliène les chances de progresser dans le processus de paix.

Le député Zeev Elkin, chef du groupe parlementaire de son parti, le Likoud (droite), a promis que «la construction reprendra fin septembre, car nous devons être crédibles pour l'étranger et à nos propres yeux».

Conduit par des ministres tels que Michaël Eytan (chargé des services publics) ou Dan Meridor (chargé des services secrets), le courant modéré du Likoud a pour sa part proposé que la construction reprenne après le 26 septembre uniquement dans les grands blocs d'implantations.

Israël espère conserver ces blocs sous sa coupe à la faveur d'échanges territoriaux dans le cadre d'un règlement permanent avec les Palestiniens.

Selon cette formule, la construction dans les petites colonies isolées en Cisjordanie reprendrait uniquement pour répondre à leurs «besoins naturels d'expansion».

Interrogé mercredi à la radio publique, le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, s'est dit favorable à cette formule tout en reconnaissant être «sceptique» sur le prochain sommet de Washington, «un autre événement festif, qui ne peut pas aboutir en un an à un accord de paix».

Il s'est cependant dit prêt à quitter son domicile dans la colonie de Nokdim en Cisjordanie «dans le cadre d'un accord authentique de paix mettant fin au conflit» avec les Palestiniens.