Mini-sous-marins, vedettes rapides, drones au nom menaçant: l'Iran multiplie les démonstrations de force. L'État islamiste se prépare-t-il à frapper, voire à paralyser le détroit de Hormuz, voie cruciale pour les grands pétroliers? Depuis une décennie, c'est une possibilité bien réelle pour l'armée américaine, qui a appris à se protéger contre les assauts d'essaims de vedettes iraniennes.



Sous une pluie de confettis, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dévoilé hier le premier drone islamiste capable de lancer des missiles. Appelé Karrar, «destructeur» en persan, il peut lancer quatre missiles de croisière avec une autonomie de 1000 km. Cette annonce a été immédiatement suivie, hier, de la présentation de deux vedettes lance-missiles et d'un mini-sous-marin.

«L'Iran veut montrer qu'il a tous les outils pour la guerre asymétrique», estime Joseph Bermudez, analyste à la revue spécialisée Jane's. «Dans une attaque initiale, particulièrement si elle réussit à causer la surprise, un essaim de vedettes ou de drones pourraient causer des problèmes. Évidemment, les États-Unis ne peuvent pas être vaincus de cette manière. Mais l'objectif des gardes révolutionnaires, qui recevront ces armements, est d'atteindre le martyre et de faire un oeil au beurre noir au grand satan.»

L'armée américaine se prépare à l'éventualité qu'un ou deux navires isolés se fassent attaquer par des essaims de vedettes lance-missiles depuis 2002, année où un exercice naval dans le golfe Persique avait montré la vulnérabilité de la marine américaine à cette tactique.

«Depuis, les lacunes de la marine américaine ont été comblées, explique John Pike, fondateur du groupe d'analyse Global Security. Ils ont remplacé leurs obus explosifs par des obus qui se fragmentent en milliers de projectiles de métal. Aucune vedette rapide ne peut résister à cela. C'est en quelque sorte un retour à l'âge de la voile, quand les canons tiraient de la mitraille pour démâter les navires.»

En 2007, une analyse controversée dans la revue Foreign Affairs avait avancé que l'Iran ne pourrait pas provoquer de choc pétrolier avec des attaques dans le golfe Persique, même avec la tactique des essaims de vedettes. «Les sources occidentales de pétrole se sont diversifiées et les réserves sont assez importantes pour contrebalancer une interruption, même si elle dure quelques mois, confirme M. Pike. Et chaque semaine d'interruption du trafic de pétroliers dans le golfe Persique signifie des centaines millions de dollars perdus par l'Iran.»

L'objectif de l'Iran, en dévoilant ses nouveaux armements, est surtout de montrer qu'il peut causer des problèmes à l'Irak, considère Houchang Hassan-Yari, politologue au Collège militaire royal de Kingston. «Pour les États-Unis, la stabilité de l'Irak est un héritage à protéger», dit M. Hassan-Yari, en entrevue de Tokyo où il présente deux conférences sur les relations stratégiques iraniennes à un congrès international. «Mais l'Iran fait à mon avis une erreur majeure en pensant qu'elle peut imiter les exemples des insurgés irakiens et afghans. Les États-Unis pourraient facilement réduire leurs problèmes en s'attaquant au gouvernement islamiste.»