Israël affirmait dimanche qu'un accord de paix était réalisable avec les Palestiniens grâce à la reprise de négociations directes, malgré les frustrations de l'Autorité palestinienne qui espérait des garanties, et les doutes éveillés par un sentiment de déjà vu.

«Je peux comprendre les sceptiques. Mais nous avons bien l'intention de les étonner, à condition d'avoir un partenaire sérieux» dans la négociation, a affirmé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

«Un accord de paix avec les Palestiniens est difficile mais possible», a-t-il assuré, estimant qu'un règlement devait être fondé «sur des arrangements de sécurité» satisfaisants pour Israël, la reconnaissance par les Palestiniens d'Israël «comme l'Etat du peuple juif, pour résoudre le problème des réfugiés dans le cadre d'un Etat palestinien» et mettre un «point final au conflit».

Dès l'annonce vendredi par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton d'une reprise du dialogue le 2 septembre, après 20 mois d'interruption, M. Nétanyahou s'était félicité de l'invitation faite sans «conditions préalables».

Son parti le Likoud (droite) a applaudi ce «succès diplomatique» y voyant la preuve que M. Nétanyahou «avait eu raison de tenir bon et ne pas céder aux pressions» sur un gel de la colonisation.

En revanche, l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas a donné son accord dans la nuit de vendredi à samedi, après une réunion retardée du Comité exécutif de l'Organisation de Libération de la Palestine (CEOLP).

Selon le quotidien arabe Asharq Al-Awsat, «Mme Clinton n'a pas mentionné le communiqué du Quartette et expliqué que les négociations se tiendraient sans conditions préalables, ce qui a provoqué la colère du président Abou Mazen (Mahmoud Abbas)».

Dans un communiqué, le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) a affirmé vendredi son soutien aux discussions directes devant «mener à un accord, négocié entre les parties, qui mette fin à l'occupation qui a commencé en 1967 et aboutisse à la constitution d'un Etat palestinien».

Selon Asharq Al-Awsat, le retard dans la réunion du CEOLP s'explique par des appels répétés des responsables américains à M. Abbas pour le rassurer.

Un responsable du comité central du parti Fatah de M. Abbas, Jamal Mouhaïssen, a déploré que «l'invitation de l'administration américaine ne fasse aucune référence au communiqué du Quartette».

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a averti de nouveau que si la «colonisation devait continuer après le 26 septembre, les négociations à notre grand regret, ne continueraient pas», précisant qu'il s'agissait d'un «test de la volonté de paix du gouvernement israélien».

En novembre, Israël a annoncé un moratoire de la construction de 10 mois en Cisjordanie qui s'achève le 26 septembre.

L'annonce des négociations était aussi accueillie avec scepticisme dans la presse israélienne qui rappelait les échecs passés depuis les accords d'Oslo en 1993 et les désaccords de fond.

Le quotidien Yediot Aharonot explique la relative indifférence de l'opinion publique en soulignant que «beaucoup de paroles ont été échangées depuis dix-sept ans, beaucoup d'encre a coulé, mais aussi beaucoup de sang».

L'ex-député de gauche Yossi Beilin, architecte des accords d'Oslo, estime qu'«il n'y a aucune chance de parvenir à un règlement global dans le contexte actuel», sans évacuation massive des colonies, à laquelle s'oppose le premier ministre israélien, et alors que le mouvement islamiste Hamas contrôle la bande de Gaza.

La Ligue arabe s'est dite «extrêmement inquiète» de la position israélienne sur les bases des négociations et exprimé sa crainte de voir le processus de paix «entrer une nouvelle fois dans le cercle vicieux des négociations qui ne réalisent pas l'objectif attendu».