La dernière brigade de combat américaine a quitté jeudi l'Irak, sept ans après la chute de Saddam Hussein, suscitant l'appréhension d'une partie de la population même si le gouvernement irakien se dit sûr que ses forces pourront relever le défi de la sécurité.

Ce départ survient en pleine crise politique en Irak où les principaux partis n'arrivent pas à former un nouveau gouvernement cinq mois après les législatives, et au moment où les violences continuent d'ensanglanter le pays avec encore un attentat contre l'armée mardi qui fait fait 59 morts à Bagdad.

«Les derniers éléments ont traversé la frontière (koweïtienne) à 6H00 (23H00 HNE mercredi). C'est la dernière brigade de combat, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a plus de troupes de combat en Irak», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée américaine, le lieutenant-colonel Eric Bloom.

Il s'agit de la 4e Brigade Stryker de la deuxième division d'infanterie, basée à Abou Ghraïb, un endroit dangereux à l'ouest de Bagdad.

«Il faut encore quelques jours pour expédier les équipements et ensuite les derniers soldats (de la base) partiront», a-t-il dit.

Il a fallu deux jours de route aux 360 véhicules militaires et à 1 200 soldats pour aller au Koweït. Les quelque 4 000 autres soldats de la brigade sont partis par avion.

Désormais, il reste 56 000 soldats américains en Irak qu'ils avaient envahi en 2003 pour renverser l'ex-président Saddam Hussein exécuté en 2006.

Cette invasion avait créé le chaos, déclenché une guerre confessionnelle sanglante entre sunnites et chiites et suscité des vocations jihadistes dans le monde arabe.

Selon le capitaine Russell Varnado du Camp Arifjan, une importante base américaine à 70 km au sud de la capitale du Koweït, les troupes se préparent à être rapatriées «bientôt».

Les 6 000 soldats restants doivent avoir quitté l'Irak d'ici le 1er septembre, a dit la porte-parole de l'armée Sarah Baumgardner à Bagdad.

Selon le New York Times, le département d'État devrait doubler le nombre d'employés de sociétés privées de sécurité en Irak pour le faire passer à 7 000. Ce personnel aura pour mission d'assurer la protection de cinq camps fortifiés, dont la sécurité échoyait auparavant aux troupes de combat.

Il est prévu de laisser en Irak 50.000 soldats pour entraîner et conseiller les forces irakiennes dans le cadre de l'«Opération New Dawn», nouveau nom à la mission américaine s'achevant fin 2011.

«Nous ne mettons pas fin à notre engagement en Irak. Nous allons avoir un important travail à faire. C'est une transition vers quelque chose de différent. Nous sommes engagés à long terme en Irak», a déclaré le porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

Le conflit irakien, qui a coûté la vie à 4.400 Américains et où les États-Unis ont engagé mille milliards de dollars, a eu «un coût élevé», a-t-il souligné.

«Les forces de sécurité irakiennes sont suffisamment prêtes pour faire face à la menace», a réagi le porte-parole du gouvernement irakien Ali al-Dabbagh. «Nous devions choisir entre avoir une présence militaire étrangère à long terme sur notre sol ou faire le travail nous-mêmes. Nous avons choisi de faire le travail avec nos propres forces».

Pourtant le chef d'état-major irakien, le général Babaker Zebari, a averti le 11 août que le retrait total américain était prématuré, estimant que ses forces ne seraient pas en mesure d'assurer pleinement la sécurité avant 2020.

Ce sentiment est partagé par une partie de la population qui craint le retour du désordre. «Les Américains auraient dû attendre que l'armée et la police irakiennes soient une force véritablement loyale», a dit Ali Khalaf, un ingénieur de 30 ans.

Pour Mouna Jassem Ali, une enseignante de 31 ans, les forces irakiennes ne sont pas «prêtes. La preuve en est que des attentats ont lieu là où il y a un nombre important de troupes irakiennes».