Près de 60 soldats et recrues ont péri mardi dans un attentat suicide à Bagdad, l'attaque la plus meurtrière depuis le début 2010 qui a visé l'armée irakienne censée être le pivot de la sécurité après le départ des troupes américaines d'Irak dans 16 mois.

Les autorités ont accusé aussitôt Al-Qaïda. «Le timing, les circonstances et la cible, tout laisse à penser qu'Al-Qaïda est derrière l'attentat», a affirmé le général Qassem Atta, porte-parole du commandement militaire de Bagdad.

Cette attaque, survenant alors que le pays est englué dans une crise politique, rappelle les terribles opérations suicide contre les centres de recrutement en 2006 et 2007 au moment où les insurgés étaient au faîte de leur puissance.

La morgue de Bagdad a reçu 59 corps et la Cité médicale, l'hôpital le plus proche de l'explosion, a accueilli 125 blessés, selon des responsables médicaux.

Vers 7H30 (heure locale), un kamikaze a fait exploser sa veste en se mêlant à des conscrits qui attendaient, selon un responsable au ministère de la Défense.

«Je ne comprends pas comment le kamikaze a pu pénétrer car il fallait passer un contrôle électronique et une fouille au corps. Il avait dû se cacher depuis la veille au soir», a affirmé à l'AFP Ahmad Kazem, 19 ans, sorti indemne de l'attaque.

Selon lui, il y avait une grande affluence car il s'agissait du dernier jour d'une semaine de recrutement.

«Après l'explosion, tout le monde fuyait dans tous les sens et les soldats tiraient en l'air. J'ai vu des gens qui gisaient sur le sol, le corps brûlé ou ensanglanté», a-t-il ajouté.

«La plupart des blessés ont moins de 20 ans et souffrent de fractures et de brûlures», a affirmé un médecin de la Cité médicale.

Le premier ministre Nouri al-Maliki a demandé la mises sur pied d'une commission d'enquête sur «cette attaque terroriste contre des conscrits», indique un communiqué.

Cet attentat est le plus sanglant depuis le 18 juillet, quand un kamikaze avait agi de la même façon contre des miliciens anti-Qaïda venus toucher leur paie, tuant au moins 45 personnes à Radwaniya (25 km au sud de Bagdad).

C'est le bilan le plus lourd pour un seul attentat depuis le début de l'année.

Le président américain Barack Obama a condamné cette attaque, de même que l'ambassade de Grande-Bretagne en Irak, tandis que le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a estimé qu'elle «visait à décourager l'engagement des Irakiens pour le redressement de leur pays».

Elle intervient à deux semaines de la fin officielle de la mission de combat de l'armée américaine en Irak. Les 50 000 militaires américains qui resteront devront avoir quitté le pays à la fin 2011 en vertu d'un accord conclu par les deux pays en novembre 2008.

Mais ce départ programmé des soldats américains suscite l'inquiétude du général Babaker Zebari, chef de l'état-major. Il a récemment estimé que son armée ne serait pas capable d'assurer pleinement sa mission avant 2020.

À Kirkouk, à 240 km au nord de Bagdad, deux policiers en faction à un point de contrôle, ont été tués par des inconnus qui ont ouvert le feu sur eux avec des armes automatiques munies de silencieux, selon le général de police Anouar Mohammad Qader. Ils se sont emparés de leurs armes et de leurs walkies-talkies.

À Bagdad, le président de la cour d'appel, Kamal Jaber Bandar, a été blessé ainsi que son chauffeur par une bombe alors qu'ils circulaient en voiture à Yarmouk (ouest), selon la police. À Baladrouz (75 km au nord-est de Bagdad), trois autres juges ont été blessés également par une bombe.

Un haut fonctionnaire du ministère du Commerce, Ahsan Abdoulatif Choukour, a par ailleurs été assassiné dans le quartier d'Amariya, dans l'ouest de la capitale, selon un responsable du ministère de l'Intérieur.