Le président afghan Hamid Karzaï va fixer un délai de quatre mois aux sociétés privées de sécurité -élément essentiel du dispositif des forces internationales- avant leur dissolution totale, a indiqué lundi son porte-parole Waheed Omer.

«Le président va fixer aujourd'hui un délai de quatre mois pour la dissolution des compagnies privées de sécurité», a déclaré M. Omer.

«Plus de détails seront annoncés dans le décret» présidentiel, a ajouté le porte-parole du chef de l'État afghan.

La présidence afghane avait annoncé le 10 août son intention d'interdire les 52 compagnies privées de sécurité, afghanes et internationales, sans en préciser le délai.

«Ce programme va être mis en oeuvre quoi qu'il arrive», avait assuré M. Omer.

Quelque 40 000 personnes travaillent en Afghanistan dans le secteur florissant de la sécurité. Compagnies internationales ou afghanes, elles travaillent souvent avec les forces internationales, le Pentagone, la représentation de l'ONU, les entreprises chargées de gérer les milliards de dollars d'aide internationale, les ONG et les médias occidentaux.

Les employés de ces sociétés sont en majorité des Afghans, les étrangers, souvent d'anciens militaires, assurant l'encadrement pour des salaires très élevés.

À l'instar du conflit en Irak, où elles étaient apparues en force, ces sociétés sont devenues incontournables en Afghanistan, protégeant les convois de ravitaillement de l'OTAN ou le personnel expatrié qui travaille sur les programmes d'aide internationale, mais assurant également l'entraînement des forces afghanes de sécurité.

Le président Karzaï a souvent accusé ces sociétés de doublonner avec le travail des forces afghanes de sécurité et de gaspiller des fonds précieux nécessaires à la formation de l'armée et de la police.

Le Pentagone, un des principaux clients des compagnies privées de sécurité, avait minimisé l'annonce faite le 1O août par la présidence afghane, en assurant que des discussions se poursuivaient à ce sujet avec le gouvernement afghan.

«Je ne crois pas qu'une décision ait été prise», avait alors réagi un porte-parole du Pentagone, David Lapan.

Lundi, après l'annonce par Kaboul d'une dissolution d'ici quatre mois, le Pentagone s'est implicitement prononcé pour un retrait plus échelonné.

Sans commenter directement le délai fixé par M. Karzaï, un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a déclaré que la dissolution des compagnies privées devrait avoir lieu «de manière réfléchie et en reconnaissant l'importance du défi que cela pose».

«Tout le monde a hâte de voir les sociétés de sécurité disparaître purement et simplement d'Afghanistan car la situation sera telle qu'on n'aura plus besoin d'elles», a souligné le porte-parole.

«Cela dit, en attendant, nous allons continuer à travailler avec le gouvernement afghan pour (...) planifier une réduction progressive de leur nombre, en fonction des conditions de sécurité», a-t-il annoncé.

Le porte-parole des forces internationales, le général Josef Blotz, a rappelé lundi qu'il était également favorable à la dissolution de ces sociétés, mais qu'il fallait que les conditions soient réunies dans le pays pour un contrôle de la sécurité par la police et l'armée afghanes.

«Nous avons besoin d'avoir suffisamment de forces afghanes de sécurité pour assurer la sécurité nécessaire», a dit le général Blotz.

Lors d'une conférence internationale tenue à Kaboul le 20 juillet, les pays donateurs avaient accepté la demande du gouvernement afghan d'assurer avec ses propres forces la sécurité du pays à partir de la fin 2014, ce qui permettra aux forces internationales de commencer à se retirer.