Début du retrait des forces internationales et transfert de la sécurité aux forces afghanes en 2014, politique de main tendue aux talibans: la stratégie du président Hamid Karzaï et de ses partenaires internationaux est ambitieuse, mais rien ne garantit qu'elle fonctionne.

Au terme d'une conférence réunissant les représentants de plus de 70 pays donateurs et organisations internationales, mardi à Kaboul, la feuille de route du chef de l'État afghan a été validée par ses bailleurs de fonds, dont l'aide irrigue son pays à coups de milliards de dollars depuis près de neuf ans.

Avec une plus grande gestion de l'aide internationale par ses ministères, le financement d'un plan de réconciliation visant à réintégrer les rebelles dans la société et à affaiblir ainsi l'insurrection, et un transfert du contrôle de la sécurité du pays, aujourd'hui assuré par les forces internationales, aux forces afghanes dès la fin 2014, le gouvernement afghan espère mettre fin à une guerre qui a gagné du terrain et augmenté en intensité ces dernières années.

Dès la fin de la conférence, le président américain Barack Obama a salué une «avancée majeure» pour l'avenir de l'Afghanistan.

Pour fonctionner, cette stratégie doit toutefois s'accompagner de «victoires» militaires sur le terrain. Mais les derniers mois ont surtout mis en évidence des pertes record de soldats des forces internationales au fur et à mesure de l'envoi de troupes supplémentaires.

Cette montée en puissance des forces de l'OTAN intervient de surcroît alors que les opinions publiques occidentales n'ont jamais été aussi opposées à la guerre et demandeuses d'un retrait des troupes.

Lors de la conférence, les projets de développement ont ainsi été éclipsés par la question du retrait des troupes -à partir de juillet 2011 pour les Américains- et son corollaire, la capacité de Kaboul à gérer seul le pays.

«Désormais, la priorité porte sur la transition et sur la possibilité donnée aux pays donateurs de dire à leurs électeurs quand leurs soldats rentreront à la maison», note Ashley Jackson, une responsable de l'ONG Oxfam International en Afghanistan, en soulignant qu'«il n'y a plus de patience et de soutien» au sein de la communauté internationale.

Les observateurs doutent de la capacité des forces de sécurité afghanes à prendre le relais à l'horizon de 2014. Elles devraient alors être fortes d'au moins 400 000 hommes, selon l'objectif du gouvernement.

«Serons nous capables d'atteindre 400 000 (soldats et policiers) à temps?», s'interroge l'analyste politique Haroun Mir en émettant de sérieux doutes.

D'autant plus que les problèmes de trafic de drogue, les cas de désertions (10% dans l'armée afghane), et la faiblesse des équipements subsistent.

De récents incidents, au cours desquels des soldats afghans ont abattu des soldats étrangers, ont par ailleurs mis en lumière l'infiltration des forces afghanes de sécurité par des éléments de l'insurrection.

La présentation par le président Karzaï d'un plan de réconciliation visant à désarmer les «petits soldats» de l'insurrection, luttant plus par nécessité que par idéologie, ne présente pas plus de garantie de succès.

M. Karzaï a tendu plusieurs fois en vain la main aux insurgés. Et malgré quelques contacts entre Kaboul et les rebelles, rien ne dit que le commandement taliban et le Hezb-e-Islami, les deux principaux groupes insurgés, soient prêts à déposer les armes alors qu'ils ne cessent d'engranger des succès.

Pour Janan Mosazaï, candidat aux élections législatives prévues le 18 septembre, la réponse est claire: Le gouvernement de Kaboul n'a pas «la crédibilité, la légitimité ou la capacité à mettre tous ces éléments ensemble dans les quatre années à venir».