La Syrie a interdit aux étudiantes et aux enseignantes du pays de porter le voile islamique intégral, prenant pour cible un vêtement que plusieurs considèrent comme politique.

L'interdiction montre un rare point d'entente entre le gouvernement autoritaire et laïque de Syrie et les démocraties d'Europe: tous voient le niqab comme une menace potentiellement déstabilisatrice.

L'ordre s'applique tant aux universités publiques que privées et a pour but de protéger l'identité laïque de la Syrie, a dit à l'Associated Press un responsable du gouvernement à Damas s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. Des centaines d'enseignantes d'écoles primaires publiques qui portent le niqab ont été mutées à des tâches administratives le mois dernier, a-t-il ajouté.

L'interdiction, décrétée dimanche par le ministère de l'Éducation, ne concerne pas le hijab, le voile qui ne couvre que la tête. Le niqab, qui ne révèle que les yeux de celle qui le porte, n'est pas très répandu en Syrie, même s'il est devenu de plus en plus courant ces dernières années.

La Syrie est le dernier d'une succession de pays d'Europe et du Moyen-Orient à intervenir sur le voile intégral, probablement l'un des symboles les plus visibles de l'islam conservateur. Le port du voile intégral se répand dans des pays arabes à la tradition laïque comme l'Égypte, la Jordanie et le Liban.

La question a été débattue à travers l'Europe, où la France, l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas envisagent d'interdire le niqab au motif qu'il est dégradant pour les femmes.

La semaine dernière, l'Assemblée nationale française a massivement approuvé l'interdiction du niqab et de la burqa dans un effort pour définir et protéger les valeurs françaises - une initiative qui a irrité plusieurs membres de l'importante communauté musulmane du pays.