Le physicien iranien Shahram Amiri, «enlevé» par les services secrets américains il y a 14 mois selon Téhéran, a affirmé peu après son arrivée à Téhéran jeudi matin à 05h30 locales qu'il ne travaillait pas dans le nucléaire, a constaté une journaliste de l'AFP.

«Je n'ai rien à avoir avec Natanz et Fordo (deux sites d'enrichissement d'uranium, ndlr). C'était un jeu du gouvernement américain pour faire pression sur l'Iran», a déclaré M. Amiri dans une déclaration à la presse à l'aéroport international de Téhéran, où il a été accueilli par sa femme et le vice-ministre des Affaires étrangères Hassan Ghashghavi.

«Je n'ai fait aucune recherche dans le domaine nucléaire. Je suis un simple chercheur travaillant dans une université ouverte à tous et où il n'y a aucun secret», a-t-il affirmé.

Il était souriant, faisant constamment le V de la victoire, a constaté une journaliste de l'AFP.

M. Amiri a disparu en juin 2009 en Arabie saoudite où il se trouvait en pèlerinage. Il a affirmé qu'il avait été «enlevé» par des agents des services de renseignements américains, aidés par des agents saoudiens, et emmené aux Etats-Unis.

Il a refait surface aux Etats-Unis en se réfugiant à la section des intérêts iraniens à Washington en demandant de pouvoir retourner en Iran.

«Je suis vraiment surpris par les propos de la Secrétaire d'Etat américaine (Hillary Clinton) qui a déclaré que j'étais libre là-bas et que j'y suis allé librement. Je n'étais pas libre. J'étais gardé par des hommes armés des services de renseignement», a-t-il ajouté.

«Les deux premiers mois, j'étais exposé aux pires tortures physiques et mentales», a-t-il poursuivi.

La chef de la diplomatie américaine, a affirmé mardi que Shahram Amiri «est libre de partir et était libre de venir» aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont répété mercredi que M. Amiri ne s'était pas retrouvé de force en Amérique.

«Personne ne l'a forcé à venir ici et personne ne l'a forcé à partir», a déclaré le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley.

M. Crowley n'a pas indiqué si l'Iranien avait livré des informations sur la nature du programme nucléaire iranien, dans le collimateur de la communauté internationale, Etats-Unis en tête.

Il a en outre décliné tout commentaire sur la façon dont le scientifique s'était retrouvé aux Etats-Unis.

«Des Israéliens étaient présents lors de certaines de mes interrogatoires (aux Etats-Unis) et il était évident qu'ils avaient un plan pour me transférer en Israël», a déclaré M. Amiri à la presse à son retour en Iran.

Il a aussi affirmé que les Américains lui ont proposé 50 millions de dollars s'il acceptait de ne pas rentrer en Iran.

«Au dernier moment, ils m'ont donné un numéro de téléphone pour les appeler si je décidais de ne pas rentrer en Iran et m'ont dit qu'ils me donneraient alors 50 millions de dollars», a-t-il ajouté.

Selon lui, les agents des services de renseignements américains lui ont affirmé qu'il serait alors «transféré dans un pays européen» où sa famille pourrait le rejoindre.

«Ils ont aussi menacé ma famille», a-t-il ajouté.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Hassan Ghashghavi, présent à l'aéroport a déclaré pour sa part que la «libération» de Shahram Amiri n'était pas lié à un quelconque échange avec trois Américains détenus en Iran depuis plus d'un an.

Selon les médias iraniens, Amiri est un «chercheur en radio-isotopes médicaux à l'université Malek Ashtar», qui dépend des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite et idéologique du régime islamique.

Fin mars 2010, la chaîne américaine ABC a affirmé que M. Amiri, présenté comme un physicien nucléaire, avait fait défection et collaborait avec la CIA.

En juin, la TV d'Etat iranienne avait diffusé une vidéo dans laquelle M. Amiri affirmait avoir été enlevé par les services secrets américains et être détenu près de Tucson (Arizona, sud-ouest des Etats-Unis).