Les autorités israéliennes ont procédé mardi à la démolition de trois maisons palestiniennes, dont une habitée, dans le secteur oriental annexé de Jérusalem, selon la police et des témoins, une initiative critiquée par les États-Unis, l'Union européenne et l'ONU.

Les bâtiments, situés dans le quartier d'Issawiya, ont été rasés par ordre de la municipalité sous motif qu'ils n'avaient pas reçu de permis de construire.

Dans une des maisons, la police a demandé aux occupants, six membres de la famille Al-Rajabi, de déménager avant qu'un bulldozer détruise l'habitation, a constaté un photographe de l'AFP.

Les deux autres maisons, inhabitées car encore en construction, ont également été détruites, selon le photographe.

La police, déployée sur les lieux en raison du risque d'affrontements avec des protestataires palestiniens, n'a pas eu à intervenir, a précisé un porte-parole de la police.

Des milliers de maisons palestiniennes dans la partie orientale de Jérusalem sont menacées de destruction car construites sans permis des autorités israéliennes.

La Commission européenne et l'Autorité palestinienne ont dénoncé mardi ces démolitions ainsi que de nouvelles autorisations en parallèle de constructions israéliennes, y voyant un obstacle à la paix.

«Je dois exprimer ma profonde préoccupation au sujet des derniers développements à Jérusalem-Est», a déclaré à Bruxelles le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors d'une conférence de presse au côté du Premier ministre de l'Autorité palestinienne, Salam Fayyad.

«Il s'agit d'initiatives qui sont contre-productives. Les colonies et la démolition d'habitation sont illégales, elles sont en infraction avec le droit international, elles constituent un obstacle à la paix et menacent de rendre impossible une solution (de paix) à deux Etats», a-t-il ajouté.

M. Fayyad a lui aussi critiqué les récentes décisions, à ses yeux «en contradiction avec la nécessité d'avoir un concept viable de solution à deux Etats».

L'envoyé des Nations unies pour le Proche-Orient Robert Serry a appelé les parties à «s'abstenir de toute action provocatrice».

«Je continue à suivre avec préoccupation les développements à Jérusalem-Est et les tensions qui se poursuivent dans la ville», a souligné M. Serry dans un communiqué.

Washington a aussi exprimé sa préoccupation.

«Nous sommes préoccupés par les informations au sujet de la démolition de plusieurs bâtiments à Jérusalem-Est», a déclaré Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat.

Washington «demande à chacune des parties d'éviter des actions qui peuvent diminuer la confiance» et est «opposé aux actions unilatérales qui préjugent des négociations sur le statut de Jérusalem».

Les Palestiniens de Jérusalem-Est et les ONG de défense des droits de l'Homme accusent les autorités israéliennes de ne délivrer qu'au compte-gouttes les permis de construire et déclarent qu'en conséquence, ils sont acculés à construire illégalement.

Lundi, la municipalité israélienne de Jérusalem avait autorisé la construction de quatre immeubles comportant 32 appartements à Pisgat Zeev, un quartier de colonisation juive de Jérusalem-Est.

Un porte-parole de la mairie a affirmé qu'une commission de planification municipale avait autorisé la construction de 100 maisons, dont une partie dans des quartiers arabes.

Le statut de Jérusalem et la construction de logements juifs dans la partie orientale de la ville constituent une pomme de discorde majeure dans les discussions entre Palestiniens et Israéliens.

Israël a proclamé Jérusalem sa «capitale éternelle et unifiée», alors que les Palestiniens veulent faire du secteur oriental de la ville la capitale de leur futur Etat.

La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion israélienne du secteur oriental de la Ville sainte, occupé depuis juin 1967, non plus que les colonies juives de Cisjordanie.