L'Iran a rejeté lundi les déclarations du chef de la CIA Leon Panetta sur la capacité de Téhéran de fabriquer deux bombes nucléaires, accusant les services de renseignements américains de mener «une guerre psychologique» contre Téhéran.

«Ce genre de déclarations font partie d'une guerre psychologique visant à donner une vision négative des activités nucléaires pacifiques de l'Iran», a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Ramin Mehmanparast, cité par l'agence officielle Irna.

«Les responsables américains et en particulier leurs services de renseignements savent mieux que quiconque que le programme nucléaire iranien n'est aucunement militaire», a-t-il ajouté.

Selon lui, «ceux qui publient de telles fausses informations veulent dévier l'opinion publique mondiale des armes atomiques dont disposent quelques pays, (notamment) le régime sioniste, qui sont la principale menace pour la sécurité» mondiale.

M. Panetta a affirmé dimanche sur la chaîne américaine ABC que l'Iran disposait de suffisamment d'uranium enrichi «pour fabriquer deux armes» nucléaires, ajoutant que ce pays pouvait mettre au point un engin en deux ans s'il le voulait.

«Cela leur prendrait sans doute un an (pour fabriquer la bombe) et ensuite une autre année pour mettre au point un système opérationnel d'utilisation de cette arme», a dit M. Panetta, en ajoutant qu'il y avait un «débat» au sein de la direction iranienne pour savoir s'il fallait fabriquer l'arme atomique ou pas.

L'Iran a toujours affirmé que son programme nucléaire était purement pacifique et ne cherchait pas à acquérir l'arme atomique, comme l'en accusent certains pays occidentaux et Israël.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 9 juin une nouvelle résolution pour renforcer les sanctions internationales contre l'Iran après son refus de suspendre son programme d'enrichissement d'uranium.

Les États-Unis et l'Union européenne ont décidé par ailleurs d'adopter des sanctions unilatérales renforçant celles décidées par le Conseil de sécurité, pour accentuer la pression contre Téhéran.

Dans une première réaction, le président russe Dmitri Medvedev a jugé dimanche «inquiétantes» les déclarations du chef de la CIA.

«Ces informations doivent être vérifiées mais de telles informations sont toujours inquiétantes, d'autant que la communauté internationale ne reconnaît pas que le programme nucléaire iranien soit transparent», a-t-il dit à l'issue d'un sommet du G20 à Toronto.

Le président russe n'avait encore jamais exprimé de doute aussi fort sur le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.

De son côté, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a déclaré lundi que les pays du G8 «emmèneraient dans la tombe le rêve d'arrêter le programme nucléaire iranien», selon l'agence Fars.

Les huit pays les plus industrialisés (G8) réunis à Huntsville au Canada ont exhorté samedi l'Iran à «un dialogue transparent» sur son programme nucléaire, appelant «tous les États de mettre en oeuvre intégralement» les nouvelles sanctions contre Téhéran.