Au moins cinq civils, dont deux enfants, ont été tués samedi dans un raid aérien de l'OTAN dans l'est de l'Afghanistan, ont indiqué à l'AFP le chef de la police locale et le représentant local du ministère de la Santé.

«Nous avons reçu cinq corps de civils dans notre hôpital public. Deux jeunes filles de sept et huit ans comptent parmi les morts. Un garçon de 14 ans a été blessé», a déclaré Amirbadshah Rahmatzai Mangal, le représentant local du ministère de la Santé.

«Les forces de la coalition ont bombardé les positions des talibans dans le district de Musa Khel, dans la province de Khost, et 38 talibans et six civils ont été tués», a déclaré à l'AFP le chef de la police de la province, le général Abdul Hakim Ishaqzai.

Le bombardement s'est produit dans une zone montagneuse à la frontière avec le Pakistan.

Interrogé, le commandement de l'OTAN a répondu qu'une enquête était en cours mais n'a ni démenti ni confirmé les propos des responsables afghans.

La population et le gouvernement afghan se plaignent régulièrement de frappes indiscriminées des forces internationales qui tuent des civils.

En avril, l'OTAN avait été obligé de reconnaître que ses avions avaient tué deux femmes, un enfant et un vieillard en bombardant une maison à partir de laquelle des talibans ouvraient le feu.

Et fin avril, des soldats de l'OTAN avaient ouvert le feu sur une voiture dans le sud de l'Afghanistan tuant par erreur deux femmes et une jeune fille.

L'armée française avait également reconnu avoir tué accidentellement le 6 avril quatre jeunes civils afghans lors d'un tir de missile terrestre antichar visant des insurgés.

La mort de civils afghans en marge du conflit armé est un sujet de vive tension entre le président Hamid Karzaï et les forces internationales, même si les frappes des talibans ont dépassé celles de l'OTAN comme première cause de mortalité des Afghans selon l'ONU.

Critiqué par le gouvernement afghan pour tuer parfois sans discernement talibans et simples habitants, Washington avait assuré que la réduction du nombre de victimes civiles, notamment lors des bombardements de positions rebelles dans des villages, était «une priorité» des troupes occidentales.

Le général américain Stanley McChrystal -commandant en chef de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN et des forces américaines- a aussi ordonné des conditions plus strictes pour les opérations nocturnes contre des habitations afghanes.

Selon un rapport de l'ONU, 2412 civils ont été tués en Afghanistan en 2009. En hausse de 14% par rapport à 2008, ce bilan est le plus lourd depuis le déclenchement de la guerre en 2001.

Les insurgés tuent cependant trois fois plus d'habitants que les forces internationales et afghanes, selon ce rapport.

Un quart des pertes civiles en 2009 sont dues aux opérations des forces afghanes et aux soldats étrangers (596), soit une baisse de 28% par rapport à l'année précédente selon l'Unama.

Depuis trois ans, la rébellion menée par les talibans a gagné du terrain en dépit de l'augmentation régulière du nombre de soldats étrangers, qui atteint aujourd'hui 142 000 soldats.