L'Afghanistan, un pays pauvre en guerre depuis plus de huit ans, est potentiellement assis sur mille milliards de dollars grâce à de gigantesques réserves de minerais, selon un rapport de géologues américains.

Selon un responsable du Pentagone, l'Afghanistan disposerait de réserves de minerais précieux à une échelle beaucoup plus large que ce que l'on pensait jusqu'ici.

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La valeur de ces gisements, qui comprendraient du lithium, du fer, de l'or, du niobium et du cobalt, a été estimée à mille milliards de dollars, ce qui serait suffisant pour faire de ce pays ravagé par la guerre un des premiers exportateurs mondiaux de minerais. Mais il ne s'agit que d'une estimation préliminaire, a déclaré à la presse le colonel Dave Lapan.

«Il est possible que même le chiffre de mille milliards de dollars sous-estime le réel potentiel» de ces gisements, a-t-il dit.

Au cours des derniers mois, des responsables américains ont informé les dirigeants afghans des résultats finaux de l'étude, qui faisait suite à une première estimation de géologues datant de 2007, a indiqué le Pentagone.

Des conseillers américains travaillent avec les autorités afghanes pour attirer des compagnies minières «de niveau mondial», a dit le colonel Lapan.

«Les ressources naturelles de l'Afghanistan joueront un rôle déterminant dans le développement économique de l'Afghanistan», a déclaré à l'AFP Jawad Omar, porte-parole du ministère afghan des Mines et de l'Industrie.

Les seules réserves de lithium de l'Afghanistan seraient ainsi comparables à celles de la Bolivie, qui jouit des premières réserves mondiales.

Le lithium est un composant indispensable des batteries rechargeables, utilisé pour les téléphones et les ordinateurs portables ainsi que pour les automobiles électriques.

L'Afghanistan, où 142 000 soldats des forces internationales combattent une insurrection qui gagne en terrain et en intensité, pourrait ainsi devenir «l'Arabie saoudite du lithium», selon une note interne du Pentagone citée par le New York Times, qui avait été le premier à faire état de ces découvertes.

De même, les réserves de fer et de cuivre seraient susceptibles de faire de l'Afghanistan, l'un des pays les plus pauvres de la planète, un des principaux producteurs mondiaux.

«Il y a là-bas un potentiel stupéfiant», a déclaré au New York Times le général David Petraeus, chef des forces américaines en Irak et en Afghanistan. «Il y a bien sûr beaucoup de si», a-t-il ajouté. «Mais je pense que, potentiellement, c'est d'une immense portée».

La découverte a été faite par une petite équipe de géologues et responsables du Pentagone, en s'appuyant sur les cartes et les données collectées par les experts miniers soviétiques durant l'occupation par l'URSS de ce pays dans les années 1980.

Les géologues afghans avaient caché chez eux pour les mettre à l'abri ces documents après le retrait de l'URSS.

L'Afghanistan pourrait toutefois rencontrer des problèmes pour exporter ces minéraux en raison de la faiblesse de ses infrastructures.

Transformer cette fortune naturelle en revenu «prendra des années, et l'extraction minière fait face à des défis nombreux, bien qu'ils ne soient pas insurmontables», a jugé Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat.

«Nous sommes très conscients du fait que dans le monde, de nombreux pays jouissent de ressources naturelles pouvant devenir une source de conflit et de corruption», a-t-il ajouté, estimant que l'un des principaux défis sera de mettre sur pied «un plan efficace permettant que les revenus générés bénéficient à tous les citoyens afghans».