Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a justifié dimanche le blocus maritime de Gaza en estimant qu'il fallait empêcher l'infiltration d'armes dans l'enclave palestinienne, tout en se disant prêt à laisser passer une aide humanitaire.

«Le principe qui guide notre politique est clair: il s'agit d'empêcher que des armes et du matériel de guerre entrent à Gaza et de permettre l'entrée de l'aide humanitaire et de marchandises ne pouvant être utilisées à des fins militaires», a-t-il dit à l'ouverture du conseil des ministres.

«Les discussions que nous menons en ce moment ont pour objectif de s'assurer que ces principes seront appliqués dans les faits. Nous allons continuer ces discussions cette semaine», a ajouté M. Nétanyahou.

«Avant l'affaire de la flottille, nous menions des discussions dans divers forums sur la poursuite de notre politique envers Gaza. Ces discussions ont continué la semaine dernière, notamment avec Tony Blair», l'envoyé spécial du Quartette (États-Unis, Union européenne, Russie, ONU), selon lui.

M. Nétanyahou faisait allusion à l'assaut de commandos israéliens contre un bateau turc de la flottille humanitaire internationale pour Gaza le 31 mai, qui a coûté la vie à neuf Turcs. Cet assaut a de nouveau mis en avant la question du blocus israélien du territoire palestinien.

Dans un communiqué, M. Blair s'est «félicité de la nette distinction que M. Nétanyahou établit entre la nécessité pour Israël d'une part d'assurer sa sécurité et de l'autre de permettre à la population de Gaza d'obtenir les marchandises et matériaux dont elle a besoin quotidiennement».

M. Blair, qui a qualifié la semaine dernière le blocus de «contre-productif», a souhaité que la prise de position du chef du gouvernement israélien favorise un «changement décisif de politique envers Gaza».

M. Nétanyahou a par ailleurs estimé qu'un accord était proche avec les États-Unis sur la création d'une commission d'enquête israélienne, avec une composante internationale, sur l'assaut du 31 mai.

Deux semaines après les faits, Israël, sous pression internationale, n'a toujours pas annoncé officiellement la mise en place d'une commission d'enquête, en raison de divergences persistantes avec Washington.

Les États-Unis estiment qu'une «présence internationale» au sein de la commission «conforterait la crédibilité» de l'enquête, a souligné l'ambassadeur des États-Unis à l'ONU, Susan Rice.

«Nous espérons fortement, et nous pensons que c'est ce que nous sommes en droit d'attendre, que ce sera une procédure qui sera considérée à la fin comme crédible et impartiale», a-t-elle plaidé.

M. Nétanyahou a confirmé son intention de désigner à la tête de la commission un juge en retraite de la Cour Suprême, Yaakov Tirkel, âgé de 75 ans.

Les critiques internationales à l'encontre du blocus se multiplient depuis l'assaut du 31 mai. En réponse, Israël a annoncé un allègement des restrictions sur certains produits, tout en maintenant l'interdiction des matériaux de construction.

Israël assure que ce blocus est nécessaire pour maintenir la pression sur le Hamas, qui détient un soldat israélien depuis juin 2006, et soutient que la situation humanitaire à Gaza est «bonne».

Le chef d'état-major israélien, le général Gaby Ashkenazi, a défendu l'action des soldats à bord du bateau turc.

«Nous sommes en train d'enquêter et de tirer les leçons de l'incident de la flottille, mais je peux dire à l'avance, sans l'ombre d'un doute et sans aucune réserve, que les soldats ont agi correctement vu les dangers auxquels ils faisaient face», a-t-il dit dans un discours.

L'armée a entamé sa propre enquête interne sur le raid en créant une «équipe d'experts», composée de généraux de réserve.