Le deuxième parlement depuis l'invasion de l'Irak en 2003 ouvre sa session inaugurale lundi, plus de trois mois après les législatives qui n'ont toujours pas produit de gouvernement.

Le Parlement doit élire son président et ses deux adjoints ainsi que le nouveau président de la République, qui doit à son tour nommer le chef du plus grand bloc de l'assemblée chargé de former le prochain cabinet.

Mais hommes politiques et diplomates estiment que le blocage politique dans lequel est plongé le pays ne sera pas levé avant encore plusieurs semaines car un accord global sur la répartition des postes clés de l'Etat n'a pas encore été trouvé.

Début juin, la Cour suprême a ratifié les résultats du scrutin confirmant la victoire de l'ancien premier ministre laïc Iyad Allawi, de justesse avec 91 sièges contre 89 au sortant Nouri al-Maliki.

S'il a remporté les élections, M. Allawi devrait toutefois se voir priver du droit de former le gouvernement, qui reviendra au prochain chef de la nouvelle «Alliance nationale», composée des listes de M. Maliki et des groupes chiites religieux, qui représente désormais la première force du Parlement.

Mais ce bloc chiite, qui peut compter sur le soutien des Kurdes pour obtenir une large majorité au Parlement, peine à faire progresser les négociations et bute toujours sur le nom de son chef.

«Je ne m'attends pas à ce qu'un gouvernement soit formé avant le début du ramadan», le mois saint musulman qui débute cette année à la mi-août, a estimé un diplomate occidental sous couvert de l'anonymat.

Entre-temps, la session inaugurale devrait rester ouverte pendant plusieurs semaines comme ce fut le cas après les législatives de 2005.

«Si quelque chose se passe lundi, l'élection du président du Parlement par exemple, cela sera un signe positif et voudra dire qu'il existe un accord sur tout le reste», a-t-il ajouté, en référence au choix du Premier ministre et des principaux ministres, ajoute le diplomate.

La constitution de l'Irak ne prévoit pas, comme au Liban par exemple, une attribution des postes clés de l'Etat sur une base confessionnelle mais un consensus s'est installé depuis 2005 pour que les sunnites et les Kurdes obtiennent la présidence de l'Etat et celle du Parlement.

L'intégration des sunnites est cruciale: après des années de violences communautaires, qui ont fait des dizaines de milliers de morts, le pays a besoin d'une répartition équitable du pouvoir pour éviter une nouvelle plongée dans le chaos.

«En 2005, il a fallu 45 jours (après la séance inaugurale) car nous avions les mêmes problèmes», a affirmé le député kurde indépendant Mahmoud Othman. La formation du gouvernement «prendra autant de temps qu'il faudra aux blocs pour trouver un accord».

Les Etats-Unis, qui possèdent toujours moins de 90 000 soldats dans le pays, espèrent une normalisation rapide pour pouvoir définitivement se retirer fin 2011 en laissant derrière eux un pays relativement stable.

Au 1er septembre 2010, les troupes de combats auront quitté le sol irakien.

«Nous appelons les dirigeants politiques irakiens à avancer sans retard pour former un gouvernement représentatif et ouvert, qui travaillera au nom des Irakiens», avait indiqué la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, peu après la certification des résultats des élections.