L'opposition iranienne a lancé un appel à la liberté et la démocratie à l'occasion du premier anniversaire samedi de la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, marqué par une forte mobilisation policière qui a dissuadé les opposants de descendre dans la rue.

Hors quelques incidents isolés, notamment sur les campus de deux universités de Téhéran, et «un petit nombre d'arrestations» par les forces de sécurité massivement déployées à Téhéran, «aucun problème» n'a été signalé dans le pays, selon le commandant adjoint de la police, Ahmad Reza Radan.

Les principaux dirigeants de l'opposition ont annulé leur appel à manifester par crainte de déclencher une nouvelle vague de répression sanglante comme celle qui avait suivi l'élection de l'ultraconservateur Ahmadinejad provoquant l'une des plus graves crises politiques dans la République islamique.

Mais ils ont renouvelé leurs attaques contre le régime.

Celui-ci «devrait aller vers une presse libre, des élections libres et le respect des droits du peuple, mais c'est le contraire qui se passe», a déploré l'ex-président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi et l'un des candidats malheureux à la présidentielle du 12 juin 2009.

Le régime «bâillonne le peuple, ferme les médias, organise des élections comme celle que nous avons vues l'an dernier, et remplit les prisons», a renchéri l'ex-Premier ministre Mir Hossein Moussavi, qui fut le principal rival de M. Ahmadinejad à l'élection.

La réélection de M. Ahmadinejad, entachée de fraudes massives selon l'opposition, a entraîné des mois de manifestations auxquelles le gouvernement a mis fin au prix d'une répression sévère: des dizaines de morts, des milliers d'arrestations et des centaines de condamnations dont plusieurs à mort.

«La libération sans conditions des prisonniers politiques, la liberté de la presse, des élections libres sont les revendications minimales» du «mouvement vert» rassemblant l'opposition réformatrice, a rappelé Zahra Rahnavard, épouse de M. Moussavi.

L'opposition a renoncé à organiser des manifestations samedi faute d'autorisation. «Au vu de la répression qui a frappé l'année dernière des gens dont le seul crime était de réclamer leur vote de manière pacifique, et compte tenu des informations sur la mobilisation des extrémistes et des forces répressives, nous demandons à la population de poursuivre ses revendications par d'autres méthodes moins coûteuses et plus efficaces», a-t-elle expliqué.

«Aucune tentative de troubler l'ordre public ne sera tolérée par les forces de l'ordre», a averti de son côté le gouverneur de Téhéran, Morteza Tamaddon.

Selon le site d'opposition Kaleme.com, des «incidents sporadiques» ont eu lieu entre étudiants et bassidjis à l'université Sharif, proche de celle Téhéran.

Et selon l'agence Borna, de «petits groupes d'étudiants soutenant Moussavi» ont crié pendant un quart d'heure sur le campus de l'Université de Téhéran Allah Akbar («Dieu est grand», l'un des cris de ralliement des opposants).

Vendredi, pour la première fois depuis plusieurs mois, les mêmes cris «Allah Akbar» avaient résonné depuis les toits et balcons de plusieurs quartiers de Téhéran.

Même s'il n'a pas réussi à museler totalement l'opposition réformatrice, le pouvoir est parvenu à reprendre le contrôle de la rue et briser la dynamique des manifestations de protestation à répétition contre le gouvernement Ahmadinejad qui ont secoué le pays jusqu'en décembre.

L'opposition n'avait pas pu non plus manifester lors de l'anniversaire de la révolution islamique le 11 février ou pour l'anniversaire de la mort de l'imam Khomeiny le 4 juin.