Au moins 39 personnes ont été tuées et 73 blessées mercredi soir par une explosion d'origine indéterminée au cours d'un mariage dans la province de Kandahar, berceau des talibans, lors d'un des incidents les plus meurtriers de ces derniers mois.

«Il y a eu une explosion lors d'un mariage à Nangahaan, dans le district de Arghandab (nord de Kandahar). Au moins 39 corps ont été transportés à l'hôpital central de Kandahar. 73 personnes ont été blessées», a déclaré à l'AFP Mohammad Anaas, un haut responsable de la mairie de Kandahar interrogé à l'hôpital.

Nangahaan, à une vingtaine de km au nord de Kandahar, se trouve dans le district d'Arghandab, une base arrière des talibans.

«Nous ne savons pas combien de corps sont encore sur place. Et nous ne savons pas s'il s'agit d'un attentat suicide ou d'une bombe ou d'autre chose», a ajouté M. Anaas.

«Mon frère est blessé, nous ne savons pas ce qui s'est passé. Il y a eu une énorme explosion et ensuite, tout le monde était mort ou blessé», a déclaré à l'AFP Mohammad Zanif, le frère du marié.

L'explosion s'est produite dans la partie réservée aux hommes et la majorité des victimes sont des hommes, selon un journaliste de l'AFP à l'hôpital central de Kandahar.

Les familles des mariés n'avaient pas à priori de liens avec des responsables de Kandahar ou avec les forces internationales, selon les personnes interrogées par l'AFP à l'hôpital.

La télévision locale a appelé les habitants à donner leur sang pour les blessés.

Il s'agit à priori d'un des pires incidents en Afghanistan de ces derniers mois. En août 2009, 43 personnes avaient péri dans l'explosion d'une voiture piégée dans le centre ville de Kandahar.

Mais en septembre de la même année, jusqu'à 90 personnes avaient péri dans le nord de l'Afghanistan dans le bombardement de citernes de carburant par les forces internationales.

En novembre 2008, 37 civils et 26 insurgés avaient été tués dans une frappe aérienne américaine qui avait atteint un mariage dans la province de Kandahar.

Kandahar, troisième ville du pays et fief historique des talibans, est coutumière des attentats. Mais ils font généralement des victimes lorsqu'ils visent les forces internationales ou la police et l'armée afghane.

Les forces de l'Otan sont engagées depuis quelques semaines dans une longue offensive à Kandahar, berceau des talibans, pour rétablir l'autorité de Kaboul.

L'opération doit culminer cette été dans certains districts et se dérouler à la fin de l'été dans d'autres.

Une partie des 30.000 soldats promis en renfort par le président Barack Obama «a commencé à arriver au cours des dernières semaines, et la majorité est destinée à Kandahar», selon le général Ben Hodges, responsable des opérations des forces armées américaines dans le sud afghan.

Les explosions d'une telle violence sont rares en Afghanistan. Les attentats perpétrés par les insurgés, notamment au moyen des bombes artisanales placées sur les routes, font beaucoup moins de victimes.

De son côté, l'Otan s'est rendu coupable de bavures dans le passé, tuant des dizaines de personnes lors de bombardements visant par erreur des civils.

Parallèlement, les forces internationales vivent une semaine noire avec la mort de 23 soldats en quatre jours.

Mercredi, les talibans ont abattu un hélicoptère de l'Otan dans la province du Helmand, tuant quatre soldats américains.

Un soldat britannique a également péri dans l'explosion d'une mine artisanale dans le Helmand.

Dans la seule journée de lundi, sept Américains, deux Australiens et un Français ont été tués, ce qui souligne le défi auquel est confronté le gouvernement afghan, qui tente d'ouvrir le dialogue avec les talibans au moment où ces derniers apparaissent en position de force.