L'ONU s'apprête à infliger mercredi à l'Iran de nouvelles sanctions pour son programme nucléaire controversé, malgré l'avertissement du président Mahmoud Ahmadinejad que dans ce cas, son pays ne discuterait plus de son programme.

«Les co-parrains du projet ont annoncé leur décision de le mettre au vote demain à 10H00», a dit mardi à la presse l'ambassadeur du Mexique à l'ONU, Claude Heller, qui préside le Conseil de sécurité en juin.

Il parlait d'un projet de résolution d'inspiration américaine, qui avait été soumis au Conseil de sécurité le 18 mai après son approbation par les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne. Ces six pays se sont chargés du dossier nucléaire iranien à l'ONU.

L'adoption du texte ne fait aucun doute, les co-parrains étant sûrs de disposer au moins des neuf voix nécessaires sur quinze. Le Brésil, la Turquie et le Liban ne devraient toutefois pas l'approuver mais on ignorait mardi s'ils voteraient contre ou s'abstiendraient, selon les diplomates.

La Turquie et le Brésil avaient conclu à la mi-mai un accord avec l'Iran prévoyant l'échange en Turquie de 1200 kilos d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à finalité médicale de Téhéran.

Mais cette proposition a été accueillie froidement par les grandes puissances, qui y ont vu une manoeuvre de diversion, notamment parce que l'Iran avait dit son intention de continuer à enrichir de l'uranium à 20% même si l'accord était accepté.

Depuis lors, Brasilia et Ankara sont toujours opposés aux sanctions. Quant au Liban, des considérations de politique intérieure -le Hezbollah pro-iranien fait partie du gouvernement- devraient exclure un vote positif.

Le texte prévoit que l'Iran ne pourra investir à l'étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d'uranium et que ses navires pourront être inspectés en haute mer.

Le projet interdit aussi la vente à l'Iran de huit nouveaux types d'armements lourds, notamment des chars.

Il s'accompagne de trois annexes contenant des listes de particuliers, d'entités et de banques de nationalité iranienne qui s'ajouteront à ceux qui sont déjà frappés de sanctions individuelles -gel des avoirs financiers et interdiction de voyager à l'étranger.

Les annexes ne contiennent qu'un nom de particulier, Javad Rahiqi, chef du Centre de technologie nucléaire d'Ispahan de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (AEOI), mais 40 noms d'entités et banques.

Parmi elles, 22 sont considérées comme associées aux activités nucléaires et balistiques de l'Iran, 15 sont contrôlées par ou associées au corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) et 3 sont contrôlées par la compagnie maritime de la république iranienne (IRISL).

L'Iran est soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'il dément. Il fait déjà l'objet de trois résolutions de sanctions de l'ONU pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles comme l'enrichissement d'uranium et le retraitement.

Mardi, M. Ahmadinejad a averti que Téhéran cesserait de discuter de son programme nucléaire en cas de nouvelles sanctions.

«J'ai déjà dit que l'administration américaine et ses alliés se trompent s'ils pensent qu'ils peuvent brandir le bâton d'une résolution et ensuite s'asseoir pour discuter avec nous. Une telle chose ne se produira pas», a déclaré le président iranien à Istanbul, où il participait à une conférence régionale sur la sécurité.