Les forces internationales en Afghanistan ont vécu une journée noire lundi en Afghanistan avec la mort de dix soldats de l'Otan, dont sept Américains, dans le sud, fief des talibans, et l'est du pays, soit les pires pertes en une journée depuis août 2008.

«Aujourd'hui, dix soldats de l'Isaf ont été tués en Afghanistan», a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'Isaf, la Force internationale d'assistance à la sécurité.

Un porte-parole du Pentagone a indiqué à Washington que sept des dix soldats tués étaient américains.

À Paris, la présidence française a annoncé qu'un sous-officier français d'un régiment de parachutistes avait été tué dans l'est de l'Afghanistan mais sans pouvoir confirmer si ce décès faisait partie des pertes de l'OTAN.

Le sous-officier a été tué par un éclat de roquette antichar tiré par des insurgés et trois de ses camarades ont été blessés.

Cinq des soldats américains ont été tués par l'explosion d'un engin explosif (IED) dans l'est de l'Afghanistan, un autre dans une attaque également à l'IED et le septième lors d'échanges de tirs dans le sud du pays, a précisé le Pentagone.

Plus tôt dans la journée, le commandement de l'Isaf avait annoncé que trois soldats de l'OTAN, dont un Américain, avaient trouvé la mort dans des incidents séparés dans le sud du pays. Deux soldats sont morts dans l'explosion d'une mine artisanale, et un autre a été tué par un tir d'armes légères.

Selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres du site internet indépendant icasualties.org et incluant les victimes de lundi, 245 soldats des forces internationales ont péri en Afghanistan depuis le 1er janvier 2010, dont près des deux tiers (154) étaient américains.

Les pertes enregistrées lundi sont exceptionnelles et sont les pires depuis la mort de 11 soldats français tués en un seul jour en août 2008.

Dimanche, cinq soldats de l'OTAN, dont quatre Américains avaient péri dans deux attaques séparées et l'accident d'un véhicule.

En moyenne, depuis l'été 2009, un à deux soldats de l'Otan meurent chaque jour en Afghanistan.

Cette hausse continue des violences intervient alors que les forces internationales injectent, conformément à la nouvelle stratégie de la Maison Blanche, de nouvelles troupes dans le pays. Le nombre des soldats étrangers doit ainsi passer à l'été de quelque 130 000 à environ 150 000, dont plus des deux tiers sont américains.

Or avec l'augmentation du nombre de troupes engagées, les pertes devaient augmenter, avaient prévenu plusieurs experts.

Le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, avait estimé qu'il fallait s'attendre au retour d'un nombre croissant de cercueils aux États-Unis.

«J'ai dit à nos troupes de se préparer à plus de combats et à plus de pertes», car «l'insurrection est devenue plus violente, plus étendue, plus sophistiquée» et les talibans «plus efficaces», avait-il admis.

L'opération Mushtarak (Ensemble en dari) - la plus vaste offensive de l'Otan et de l'armée afghane depuis la chute des talibans - lancée en février à Marjah, dans un bastion rural des talibans de la province du Helmand, a prouvé que l'insurrection avait conservé intacte sa capacité de frappe.

Qualifiée de «fiasco» par une partie de la presse américaine, l'offensive a montré les limites de la stratégie de contre-insurrection et de conquête des «coeurs et des esprits» chères au patron des forces internationales, le général américain Stanley McChrystal.

L'armée américaine, qui à elle seule a vu le nombre de ses soldats disparus doubler en 2009, s'attend à une résistance âpre des talibans à Kandahar, leur berceau, où elle est désormais engagée avec les Canadiens et les fores afghanes.

Le commandement des talibans afghans a annoncé récemment le lancement d'une série d'opérations de «jihad» - attaques, attentats et assassinats - visant les forces de l'Otan et plus généralement les étrangers présents en Afghanistan.