Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a qualifié jeudi de «piraterie sioniste» la menace d'Israël d'intercepter une flottille chargée d'aide en route vers l'enclave palestinienne pour tenter de briser le blocus israélien.

«La menace de l'occupant d'empêcher la "flottille de la paix" d'arriver dans la bande de Gaza sous blocus est de la piraterie sioniste et une violation du droit international», a affirmé Ismaïl Radwan, un haut responsable du mouvement islamiste Hamas, dans un communiqué.

Plusieurs centaines de militants pro-palestiniens espèrent accoster à Gaza ce week-end à bord de neuf bateaux chargés de 10 000 tonnes d'aide humanitaire et de matériaux de construction pour tenter de briser le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du Hamas en juin 2007 et renforcé par l'Égypte.

«Ces rodomontades sont une indication de la mentalité terroriste sioniste», a ajouté M. Radwan.

«L'occupant est préoccupé par ces bateaux (...) parce qu'ils donnent une légitimité à l'engagement avec le gouvernement palestinien (du Hamas à Gaza) et confirment que les tentatives d'isoler le Hamas ont échoué», a-t-il estimé.

Mark Regev, le porte-parole du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a reproché aux militants des organisations humanitaires d'ignorer «les brutalités» du Hamas, qui a délogé de Gaza les forces loyales à l'Autorité palestinienne en 2007.

«Ils prétendent agir au nom des droits de l'Homme mais gardent le silence quand le Hamas prend délibérément pour cibles des civils israéliens, et se taisent aussi sur les brutalités de son régime qui écrase l'opposition politique, a supprimé les médias indépendants et enfermé des centaines d'opposants politiques», affirme M. Regev dans un communiqué.

«S'ils étaient véritablement intéressés par le bien-être des habitants de la bande de Gaza, ils auraient accepté l'offre de l'Égypte ou d'Israël de transférer l'aide humanitaire (transportée par la flottille) avec les 15 000 tonnes qui parviennent chaque semaine à la population de cette région», a-t-il ajouté.

«Au lieu de quoi, ils ont opté pour un tour de passe-passe politique bon marché», a-t-il conclu.

Une source militaire israélienne a indiqué mercredi que la marine de guerre avait «achevé ses préparatifs» pour intercepter la flottille.

Si les bateaux refusent de rebrousser chemin, ils seront arraisonnés et déroutés vers un port israélien, les militants pacifistes seront interpellés puis renvoyés dans leur pays et après inspection «le chargement sera transféré à Gaza par les passages frontaliers» terrestres entre Israël et la bande de Gaza, selon cette source.

Un haut responsable de l'armée israélienne, le colonel Moshe Levy, a estimé que l'aide n'était «pas nécessaire», la situation humanitaire à Gaza étant «bonne et stable».

Selon un communiqué de son ministère, le directeur général des Affaires étrangères, Yossi Gal, a convoqué séparément jeudi les ambassadeurs des pays impliqués dans la flottille pour les informer qu'ils pourraient assister au port d'Ashdod (sud de Tel-Aviv) au déchargement des cargaisons des bateaux qu'Israël entend arraisonner afin de les transférer vers Gaza après inspection.

Les ambassadeurs convoqués par M. Gal étaient ceux de Turquie, de Grèce, de Chypre, de Suède et d'Irlande.