Les divers mouvements palestiniens ont affiché samedi leur volonté d'unité à l'occasion de la commémoration de la «Nakba» (catastrophe), l'exode des Palestiniens ayant accompagné la création d'Israël le 15 mai 1948 et la guerre israélo-arabe qui a suivi.

Cette année, les cérémonies interviennent alors qu'Israéliens et Palestiniens viennent de se lancer, sans grandes illusions, dans des négociations de paix indirectes sous l'égide des États-Unis.

À Gaza, près de 4 000 manifestants ont défilé depuis le Conseil législatif palestinien (CLP, Parlement) jusqu'à la représentation des Nations unies, à l'appel de l'ensemble des mouvements palestiniens, notamment le Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le mouvement islamiste Hamas.

Les deux mouvements sont à couteaux tirés depuis que les islamistes se sont emparés de Gaza en juin 2007, mais ont voulu afficher leur entente sur le droit au retour des réfugiés palestiniens.

«Le droit au retour est sacré», a affirmé Ismaïl Radouane, un dirigeant du Hamas, lors d'une conférence de presse devant les locaux des Nations unies.

Plus de 760 000 Palestiniens ont été poussés à l'exode par l'avancée des forces juives ou chassés de chez eux il y a 62 ans. Aujourd'hui, l'ONU estime à quelque 4,7 millions le nombre de ces réfugiés avec leurs descendants.

La résolution 194 de l'ONU, adoptée le 11 décembre 1948 et renouvelée chaque année, stipule que «les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins devraient y être autorisés le plus vite possible» et que «des dédommagements devraient être versés pour les propriétés de ceux qui ne veulent pas revenir».

Tous les gouvernements israéliens se sont opposés au droit au retour, sauf pour la réunification des familles dispersées, faisant valoir qu'un afflux massif de réfugiés palestiniens ferait perdre à Israël son caractère d'État juif.

Les manifestants ont remis à l'ONU une lettre signée de tous les mouvements demandant au secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon «de s'activer le plus possible pour lever l'injustice contre le peuple palestinien», selon Zakaria al-Agha, un haut responsable du Fatah.

Tous les mouvements palestiniens ont voulu à travers les commémorations de la Nakba faire preuve d'unité car «c'est notre seule arme pour faire face aux défis et récupérer notre terre», a-t-il souligné.

Les habitants de Cisjordanie occupée ont pour leur part observé une minute de silence alors que des sirènes retentissaient à travers le territoire.

Dès vendredi, des manifestations rassemblant des milliers de personnes se sont tenues à Gaza. Elles se poursuivront pendant deux jours en Cisjordanie, où un rassemblement est prévu lundi devant la tombe de Yasser Arafat, le leader historique du mouvement national palestinien.

À l'appel du Mouvement islamique israélien, des milliers d'Arabes israéliens se sont de leur côté rassemblés vendredi soir à Kafr Kanna, en Galilée, en scandant «la Palestine aux Palestiniens», selon des témoins.

Signe des tensions persistantes, un adolescent palestinien a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi en Cisjordanie par des tirs de colons israéliens dont la voiture avait été attaquée à coups de pierres.

Le lendemain, dans le même secteur, situé près de la colonie juive d'Ofra, deux Israéliens ont été blessés par des tirs palestiniens alors qu'ils circulaient en voiture.

Samedi matin, un paysan palestinien âgé de 75 ans a trouvé la mort et un autre de 22 ans a été blessé quand des soldats israéliens ont ouvert le feu près de la frontière séparant le nord de la bande de Gaza et Israël.