Le président russe Dmitri Medvedev a appelé mardi les États-Unis à jouer un rôle «plus actif» pour la paix au Proche-Orient, mettant en garde contre une explosion dans la région.

Premier président russe à se rendre en Syrie, M. Medvedev a en outre souligné, au deuxième jour de sa visite à Damas, la détermination de Moscou à déployer des efforts pour parvenir à un règlement.

«Le processus de paix au Proche-Orient s'est détérioré. La situation est très, très mauvaise. Il est temps de faire quelque chose», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avec son homologue syrien Bachar Al-Assad.

«Une situation qui s'enflammerait davantage risque de provoquer une explosion et une catastrophe» dans la région, a-t-il averti.

«Je suis d'accord avec le président Assad: les Américains devraient jouer un rôle plus actif», a-t-il poursuivi.

Cette visite intervient alors que des négociations de paix indirectes entre la Syrie et Israël, entamées en mai 2008 via la Turquie, sont suspendues. Les deux pays se sont récemment livré à une guerre des mots, après qu'Israël eut accusé Damas de fournir des missiles Scud au mouvement chiite libanais Hezbollah.

Elle survient également alors qu'Israéliens et Palestiniens ont entamé dimanche des pourparlers indirects sous l'égide des États-Unis, mais à peine lancés, ils ont buté sur le contentieux explosif de la colonisation juive à Jérusalem-Est annexée.

«Il n'y a pas suffisamment de volonté» de la part des différentes parties pour trouver une solution, a estimé M. Medvedev dont le pays fait partie, avec l'UE, l'ONU et les États-Unis du Quartette international pour la paix au Proche-Orient qui cherche une solution au conflit régional.

Il a ajouté que la paix exigeait le retrait israélien des territoires arabes occupés et la création d'un État palestinien indépendant qui pourrait coexister pacifiquement avec Israël.

Pour la Syrie, le retour du plateau stratégique du Golan, conquis par Israël depuis 1967 et annexé en 1981, n'est pas négociable.

«Les compromis sur les droits n'existent pas. Ils pourront porter sur les relations ou sur les arrangements de sécurité» avec Israël, a indiqué M. Assad. «Toute la terre (occupée) devrait retourner» à ses propriétaires.

M. Assad a en outre accusé Israël de «saper le processus de paix» en «expulsant les Palestiniens hors de Jérusalem, en imposant un embargo sur la bande de Gaza et en attaquant les lieux saints» de l'islam.

Avant d'entamer ses entretiens à Damas, M. Medvedev avait reçu un appel téléphonique du président israélien Shimon Peres lui demandant de remettre un message à M. Assad.

M. Peres y indiquait qu'Israël «n'avait pas intérêt à livrer une guerre à la Syrie ou à faire monter la tension à sa frontière nord et qu'il recherchait une paix véritable avec son voisin syrien», selon le bureau de M. Peres.

Mais ni M. Assad ni M. Medvedev n'ont fait allusion à ce message, le président syrien qualifiant au contraire Israël de négociateur «pas sérieux».

M. Assad a appelé la Russie à «convaincre Israël de l'importance de la paix» et à «dialoguer également avec le parrain américain pour l'encourager à avancer rapidement en faveur de la paix».

La Russie, qui a exprimé à maintes reprises sa volonté d'accueillir une conférence de paix pour le Proche-Orient, ambitionne de restaurer son influence en resserrant les liens avec ses anciens alliés de l'époque soviétique.

La Syrie était le principal allié de l'ex-Union soviétique et continue d'acheter l'essentiel de ses armements à la Russie.

M. Medvedev a promis d'aider la Syrie à construire des infrastructures dans les domaines du gaz et du pétrole et même une centrale d'énergie nucléaire.

Il devait quitter mardi la Syrie pour la Turquie.