La direction de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) s'est réunie samedi à Ramallah, en Cisjordanie, pour décider de la reprise du dialogue entre Palestiniens et Israéliens, gelé depuis près d'un an et demi.

Le comité exécutif de l'organisation, reconnue dans le monde comme «l'unique représentant légitime» du peuple palestinien, devrait être favorable à des discussions indirectes, dites «de proximité», même si cette proposition américaine est loin de faire l'unanimité parmi les factions palestiniennes.

Cette réunion intervient quelques heures avant une nouvelle rencontre prévue entre le président palestinien Mahmoud Abbas et l'émissaire américain George Mitchell, dans la région depuis le début de la semaine pour préparer le lancement «formel» des négociations indirectes entre les deux camps sous l'égide des Etats-Unis.

«Nous allons appuyer la décision de participation aux négociations (indirectes)», a déclaré aux journalistes Jibril Rajoub, vice-secrétaire général du Fatah, principale faction palestinienne au sein de l'OLP dont le comité central participait à la réunion.

Mais Kais Abou Layla, du Front Démocratique pour la Libération de la Palestine (FDLP, gauche), a fait état de fortes «réserves».

«Nous estimons que les promesses américaines ne représentent toujours pas de garanties suffisantes (...) pour que le processus politique soit fructueux», a-t-il affirmé.

«Nous rejetons des négociations sous leur forme actuelle», a pour sa part expliqué Abderrahim Mallouh, du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche).

Maître de la bande de Gaza, le mouvement islamiste Hamas, qui conteste l'OLP et a un temps cherché à créer une nouvelle structure pour la supplanter, l'a appelée à rejeter des pourparlers indirects «absurdes» avec Israël.

Le Hamas et le Fatah de M. Abbas sont à couteaux tirés depuis que le premier a saisi le pouvoir à Gaza en juin 2007 au détriment du second.

«Nous mettons en garde la direction de l'OLP contre toute décision de reprendre les négociations avec l'ennemi et de donner caution à l'occupation israélienne pour commettre encore plus de crimes contre notre peuple», a indiqué le Hamas dans un communiqué.

La décision de l'instance dirigeante de l'OLP est attendue en milieu d'après-midi.

Mohammed Chtayya, du comité central du Fatah, a expliqué que les Palestiniens attendaient des garanties solides des Etats-Unis sur un gel de la colonisation à Jérusalem et en Cisjordanie, l'arrêt des «provocations israéliennes» ainsi que sur des bases claires pour des négociations.

Selon un haut responsable palestinien, M. Mitchell pourrait, après d'ultimes navettes ce week-end avec les Israéliens et les Palestiniens, annoncer formellement le lancement des discussions indirectes avant de quitter la région.

Il a rencontré ces derniers jours les principaux dirigeants israéliens, dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et la chef de l'opposition Tzipi Livni, ainsi que le président Abbas, qui doit encore le recevoir deux fois -samedi soir et dimanche- selon le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Le processus, avant même d'être enclenché, suscite toutefois un grand scepticisme, voire de l'indifférence, chez Palestiniens et Israéliens.

Des divergences fondamentales persistent sur les dossiers-clés: tracé des frontières du futur Etat palestinien, statut de Jérusalem, avenir des colonies juives de Cisjordanie et droit au retour des réfugiés palestiniens.

Les Palestiniens et la Ligue arabe avaient déjà accepté le principe de discussions indirectes en mars, mais l'annonce par Israël de son intention de construire 1.600 nouveaux logements à Jérusalem-Est avait fait capoter les tentatives de relance du dialogue.