Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou brille par son absence cette semaine au sommet sur la sécurité nucléaire à Washington, un geste symbolique qui traduit l'isolement croissant de l'État hébreu sur la scène internationale.

Depuis qu'il a pris ses fonctions il y a un an, le chef de la droite israélienne a dû gérer crise diplomatique sur crise diplomatique, tout en étant confronté à un blocage total du processus de paix avec les Palestiniens.

Non seulement des frictions se sont multipliées avec l'Égypte et la Jordanie, seuls pays arabes à avoir signé la paix avec Israël, mais les relations avec la Turquie, longtemps considérée comme un allié stratégique, se sont dégradées à la suite de la dernière guerre de Gaza et de la récente humiliation publique de l'ambassadeur turc en Israël.

Des désaccords sont aussi apparus avec plusieurs pays européens, notamment scandinaves. Mais le coup de froid dans les relations avec Washington, dont rien n'indique qu'il n'est que passager, représente l'évolution la plus inquiétante pour les dirigeants israéliens.

L'accueil réservé par le président Barack Obama à Benjamin Netanyahou lors de sa visite fin mars à Washington illustre l'ampleur de la crise israélo-américaine, sans précédent depuis des décennies.

Les deux hommes, qui ne semblent guère avoir d'atomes crochus, ne sont parvenus jusqu'à présent à aucun accord, en particulier sur la colonisation juive à Jérusalem-Est annexée que M. Netanyahou entend poursuivre.

Le climat s'est à ce point dégradé qu'un des principaux conseillers de M. Obama, David Axelrod, a dû assurer qu'aucun «affront» n'avait été fait au premier ministre israélien.

Les analystes israéliens relèvent que l'isolement d'Israël est, dans une large mesure, lié à des développement antérieurs de plusieurs mois à l'arrivée au pouvoir de M. Netanyahou.

Ainsi l'image d'Israël auprès de l'opinion internationale a été sérieusement ternie par l'Opération «Plomb durci» lancée en décembre 2008 contre la bande de Gaza par le précédent gouvernement d'Ehud Olmert.

Le bilan humain (1 400 Palestiniens tués, dont des centaines de civils) et l'étendue des destructions matérielles -soulignés par le rapport Goldstone de l'ONU- ont placé Israël sur le banc des accusés.

Depuis, les Palestiniens ont suspendu les négociations avec Israël et les relations avec la Turquie se sont détériorées.

«Pour la Turquie, la guerre à Gaza a surtout servi de prétexte pour s'en prendre à Israël, à l'heure où, déçue par le refus de l'UE de l'accueillir comme État membre, elle se rapproche de la Syrie et de l'Iran», analyse le politologue Gerald Steinberg du Centre d'études stratégiques Begin-Sadate.

Quant aux relations avec Washington, l'élection de Barack Obama a marqué un vrai tournant: M. Netanyahou n'est plus en symbiose avec le président américain comme ses prédécesseurs l'étaient avec George W. Bush dans la lutte contre «l'axe du mal».

Le président Obama accepte beaucoup moins que M. Bush la poursuite de la colonisation.

Aux yeux de nombre de responsables américains, civils comme militaires, la politique de M. Netanyahou entrave les efforts des États-Unis pour se rapprocher du monde arabe et musulman.

Pour le chercheur Mark Heller, de l'université de Tel-Aviv, «Bibi» Netanyahou ne poursuit pourtant pas de politique radicalement différente de celles de ses prédécesseurs.

Mais la diplomatie israélienne est aujourd'hui dirigée par le chef d'un parti ultra-nationaliste, Avigdor Lieberman, peu apprécié dans plusieurs capitales occidentales.

«Les dirigeants israéliens actuels ne savent pas trouver le langage diplomatique pour rendre la pilule moins amère», souligne M. Heller.