Le président afghan Hamid Karzaï s'en est pris samedi à ses soutiens occidentaux pour la seconde fois en une semaine, accusant les États-Unis d'ingérence, rapporte dimanche le Wall Street Journal.

Au cours d'une réunion privée avec quelque 70 parlementaires afghans samedi, M. Karzaï a également averti que l'insurrection des talibans pourrait devenir un mouvement de résistance légitime si les étrangers continuaient de se mêler des affaires afghanes, toujours selon le quotidien qui cite des participants à cette rencontre.

Au cours de ces discussions, Hamid Karzaï, dont le gouvernement est soutenu par des milliards de dollars d'aide occidentale et 126 000 soldats étrangers qui combattent les talibans, a déclaré qu'il serait contraint de rejoindre lui-même l'insurrection si le parlement ne le soutenait pas dans sa volonté de prendre le contrôle d'un organisme chargé de superviser le processus électoral.

Jeudi, M. Karzaï avait accusé les Occidentaux d'être les responsables des fraudes lors des dernières élections présidentielle et provinciales.

Il s'était fait rappeler à l'ordre par Washington et avait eu une conversation avec la secrétaire d'État, Hillary Clinton, vendredi, au cours de laquelle il avait tenté d'apaiser les tensions en assurant qu'il était déterminé à travailler aux côtés des États-Unis. Kaboul et Washington avaient ensuite assuré que l'incident était clos.

Ces nouvelles remarques devraient mettre un peu plus à l'épreuve une relation déjà fragilisée avec les États-Unis. Le président américain Barack Obama avait pressé Hamid Karzaï de débarrasser son gouvernement de la corruption, lors d'une visite surprise le 28 mars.

M. Karzaï a passé la majeure partie de ses deux heures et demie de réunion samedi à critiquer les parlementaires qui rejettent ses efforts pour prendre le contrôle de la Commission des plaintes électorales aux dépens des Nations unies, ont expliqué au Wall Street Journal cinq des parlementaires présents lors de la rencontre.

«Il a dit que la seule raison pour laquelle les talibans et les autres insurgés combattent le gouvernement afghan est qu'ils voient que les Occidentaux ont toujours le dernier mot sur tout», a raconté l'un d'entre eux.

Les cinq parlementaires ont affirmé que M. Karzaï avait dit aux participants que la révolte des talibans «allait se transformer en résistance» si les États-Unis et leurs alliés continuent de dicter au gouvernement ce qu'il doit faire.