L'Irak devrait connaître vendredi les résultats des élections législatives du 7 mars mais la désignation officielle d'un vainqueur pourrait prendre encore plusieurs jours.

Le premier ministre sortant Nouri al-Maliki et son rival laïque Iyad Allawi sont au coude à coude dans la course au pouvoir et se sont montrés déterminés à se battre jusqu'au bout pour accéder au poste convoité de chef de gouvernement.

La commission électorale doit donner une conférence de presse à 16H00 GMT (12h00, heure de Montréal) dans un hôtel de la zone verte ultra-sécurisée de la capitale irakienne.

La répartition des sièges de la future assemblée de 325 députés ne sera toutefois pas annoncée avant la certification finale des résultats dans plusieurs jours.

Des calculs de l'AFP, basés sur le dépouillement de 95% des bulletins, montrent toutefois que les deux listes obtiendraient le même nombre de sièges (91).

Mais les 47% de votes de l'étranger qui restent encore à inclure au décompte pourraient faire pencher la balance. De manière générale, les électeurs vivant à l'étranger, surtout les sunnites ayant fui après la chute de Saddam Hussein en 2003, semblent plutôt acquis à M. Allawi.

Depuis la clôture du scrutin, la commission a publié au compte-gouttes des résultats qui donnaient tour à tour M. Maliki ou M. Allawi, tous deux chiites, en tête en nombre de voix en fonction du pourcentage de bulletins dépouillés.

La lenteur du dépouillement, due selon la commission aux nombreux niveaux de vérification des résultats, a provoqué des accusations de fraudes et de manipulations dans la plupart des camps politiques.

Si la liste de l'Alliance de l'État de droit (AED) dirigée par le premier ministre refuse de reconnaître les résultats au motif qu'ils seraient entachés d'irrégularités, le pays pourrait plonger dans une grave crise politique et prolonger la durée d'un vide politique propice aux violences.

Une chose est sûre: le nouveau gouvernement ne devrait pas voir le jour avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Aucun des vainqueurs ne disposera d'une majorité absolue au Parlement pour former, seul, le prochain cabinet et devra se livrer à des tractations difficiles avec les autres partis pour rassembler une coalition gouvernementale.

À l'approche de l'annonce des résultats, un climat de tension s'est installé dans le pays, où les partisans du premier ministre sortant ont multiplié les manifestations pour demander un nouveau décompte manuel, usant même de menaces voilées sur la tenue d'actions futures.

Dans la matinée vendredi, quelques centaines de partisans de M. Maliki se sont rassemblés dans le centre-ville de Bagdad, sous haute protection de l'armée et de la police, pour dire «Non au fraudes».

M. Maliki, lui-même, a agité l'épouvantail des violences et défendu l'idée d'un nouveau décompte pour «empêcher une dégradation de la sécurité et un retour à la violence».

La commission électorale a rejeté cette demande, jugeant les accusations de fraudes non fondées mais a toutefois indiqué que des décomptes dans certains centres de vote pouvaient être réalisés après le dépôt de plaintes par les partis politiques.

M. Allawi, qui a joué pendant la campagne sur une image de nationaliste transcendant les communautés, a réalisé des très bons scores dans les régions sunnites et à Bagdad, tout en raflant une dizaine de sièges dans les régions chiites.

Les électeurs des zones chiites du Sud ont préféré, eux, la continuité en votant pour M. Maliki, qui se targue d'avoir rétabli la sécurité dans le pays dont il a pris les rênes en 2006 au pire moment des violences communautaires.