L'Iran a semblé mercredi légèrement infléchir sa position sur un échange d'uranium en envisageant de remettre, en une seule fois mais sur son territoire et de manière simultanée, 1 200 kg de son uranium enrichi à 3,5% pour recevoir du combustible pour son réacteur de recherche.

«Nous sommes prêts à donner 1 200 kg (d'uranium enrichi à 3,5%) pour recevoir simultanément 120 kg de combustible enrichi à 20%» pour le réacteur de recherche de Téhéran, «mais à condition que l'échange ait lieu en Iran et de manière simultanée», a déclaré Ali Akbar Salehi, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), cité par le quotidien Javan.

C'est la première fois que l'Iran évoque l'échange, en une seule fois, d'une telle quantité de 1 200 kg de son uranium faiblement enrichi contre le combustible dont il a besoin pour son réacteur de recherche médicale de Téhéran.

La question des stocks d'uranium est au coeur du contentieux entre l'Iran et les capitales occidentales qui le soupçonnent de chercher à acquérir l'arme atomique. Pour fabriquer une bombe nucléaire, il faut du combustible enrichi à 90%.

L'Iran a le «droit» d'enrichir l'uranium à hauteur de 100% mais ne va pas le faire car il «n'en n'a pas besoin», a indiqué M. Salehi.

Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran possédait fin janvier 2 065 kilos d'uranium faiblement enrichi et en produit un peu plus de 100 kilos par mois.

L'Iran a rejeté un projet d'accord présenté en octobre dernier sous l'égide de l'AIEA qui prévoyait que Téhéran livre à la Russie 1 200 kilos de son uranium pour qu'il soit enrichi à 20% avant d'être transformé par la France en combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui fabrique des isotopes à usage médical.

Téhéran avait justifié son refus en affirmant que ce projet d'accord ne donnait pas les garanties nécessaires pour la livraison du combustible.

Ensuite, Téhéran a présenté une contre-proposition pour un échange graduel. Le ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki avait évoqué l'envoi de 400 kg d'uranium à 3,5% pour commencer un processus d'échange plus important.

Après un blocage dans les discussions, Téhéran a commencé début février à enrichir de l'uranium à hauteur de 20% tout en se disant prêt à arrêter ce processus si les grandes puissances acceptaient de faire l'échange aux conditions iraniennes.

«L'Iran avait proposé de livrer son uranium par lots de 400 kilos, mais (...) ceux (les pays) qui doivent fabriquer le combustible nous ont dit que la production d'une telle quantité» n'est pour eux pas intéressante d'un point de vue économique, a déclaré M. Salehi dans Javan.

Il a ajouté que l'AIEA pouvait mettre sous scellés les 1 200 kilos d'uranium faiblement enrichi pour préparer l'échange.

«L'Agence peut prendre les 1 200 kilos d'uranium, les mettre sous scellés (en Iran, ndlr) et ses représentants peuvent surveiller le stock 24 heures sur 24 jusqu'à ce que nous recevions le combustible à 20%», a déclaré M. Salehi.

Selon le dernier rapport de l'AIEA, l'Iran possédait fin janvier 2 058 kilos d'uranium faiblement enrichi. Téhéran produit chaque mois un peu plus de 100 kilos d'uranium enrichi à 3,5% dans son usine d'enrichissement de Natanz (centre).

Les Occidentaux, en particulier les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, cherchent à imposer de nouvelles sanctions contre Téhéran pour sa non-coopération sur le dossier du nucléaire.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a déjà adopté cinq résolutions, dont trois assorties de sanctions, pour exiger de l'Iran qu'il suspende ses activités nucléaires sensibles, notamment l'enrichissement de l'uranium. Téhéran les a toutes ignorées.