Une série d'attentats a ensanglanté jeudi Bagdad faisant au moins 14 morts et des dizaines de blessés au premier jour de vote pour le scrutin législatif malgré des mesures de sécurité exceptionnelles.

Trois attentats se sont produits en l'espace de quelques heures près de bureaux de vote à Bagdad, alors qu'Al-Qaeda et l'autre groupe extrémiste sunnite Ansar al-Sunna ont menacé de «tout faire» pour torpiller ces élections, cruciales pour l'avenir de l'Irak. Quelque 947 000 électeurs (850 000 militaires et membres des forces de sécurité et 97 000 prisonniers et personnes hospitalisées) ont été appelés aux urnes pour un scrutin anticipé jeudi. Les bureaux de vote ouverts vers 8H00 (1H00 HAE) ont fermé à 17H00 (9H00 HAE), selon Hamdia Husseini, une responsable de la commission électorale.

En fin de matinée, un obus est tombé sur un bâtiment à 500 mètres d'une école qui doit servir dimanche de bureau de vote dans le quartier Hourriya à Bagdad. Sept personnes, dont quatre enfants, ont été tuées et 23 blessées, selon un responsable des urgences Mohammad Mehdi.

«Je parlais avec mon fils qui était sur le toit pour accrocher le fil du générateur quand le bâtiment a été à moitié détruit par un projectile. Par chance mon fils est sain et sauf mais moi je n'entends plus rien», a affirmé Abou Nabil, un commerçant de 59 ans.

Un peu plus tard, sept soldats ont été tués et 25 blessés dans deux attaques perpetrées presque simultanément par des kamikazes contre des militaires attendant de voter à Bab al-Mouazam et al-Mansour, deux quartiers de Bagdad, selon le ministère de l'Intérieur.

«Le kamikaze était un jeune homme, il s'est fait exploser contre un véhicule de la police militaire» a dit à l'AFP un soldat témoin de l'attaque à al-Mansour, où trois soldats ont été tués.

La veille déjà, un triple attentat portant la marque d'Al-Qaeda a fait 33 morts et 55 blessés à Baqouba au nord de Bagdad.

Ces attentats ont eu lieu malgré une forte mobilisation de l'armée et de la police.

Environ 19 millions d'Irakiens doivent se rendre aux urnes dimanche dans les 18 provinces qui constituent autant de circonscriptions.

À Bagdad, environ 200 000 membres des forces de sécurité seront mobilisés. La circulation sera interdite aux véhicules dans les villes.

«(Nous) avons décidé d'empêcher ces élections par tous les moyens possibles, principalement par des moyens militaires», a menacé le chef d'Al-Qaeda en Irak, Abou Omar al-Baghdadi, dans un message audio le 12 février, qualifiant le scrutin de «crime politique manigancé par les chiites».

«Les Irakiens sont responsables de la sécurité pour ces élections et ce n'est qu'à leur demande que les forces américaines fourniront de l'aide», a déclaré une porte-parole américaine, Elizabeth Feste.

En 2005, les forces américaines, qui doivent quitter le pays d'ici la fin 2011 après le départ des forces combattantes dans six mois, protégeaient les urnes aux côtés des forces irakiennes.

Pour ces deuxièmes législatives depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, 6.218 candidats dont 1.801 femmes briguent 325 sièges. Quatre-vingt-six listes sont en lice.

Lors du scrutin «spécial» de jeudi, les malades ont voté dans les hôpitaux et les prisonniers condamnés à des peines inférieures à cinq ans dans leurs centres de détention.

«J'ai voté pour un laïc», a déclaré une infirmière de 40 ans de l'hôpital Ibn al-Haitham à Bagdad, estimant que «l'Irak ne doit pas être dirigé par des partis religieux».

Dans les trois provinces du Kurdistan (nord), 58 000 personnes, dont 45 000 pechmergas (combattants kurdes), votaient au milieu de strictes mesures de sécurité.

Vendredi, ce sont les 1,4 million d'Irakiens résidant à l'étranger qui doivent voter.