Le principal quotidien réformateur iranien, Etemad, ainsi qu'un hebdomadaire contrôlé par la famille de l'opposant Mehdi Karoubi ont été interdits de publication jusqu'à nouvel ordre par les autorités iraniennes, a rapporté lundi l'agence officielle Isna.

«La commission de la surveillance de la presse a interdit Etemad («Confiance») et transmis le dossier à la justice pour des violations répétées», a indiqué Isna.

Principal journal réformateur en termes de diffusion, Etemad a été fondé il y a huit ans et n'avait jusque-là jamais été interdit.

Au même titre que d'autres journaux, il avait toutefois fait l'objet d'une récente mise en garde par les autorités, notamment pour la publication de propos de l'ancien président Mohammad Khatami évoquant une «crise» en Iran.

Cette interdiction a constitué «une décision amère pour nous mais elle a été prononcée compte tenu des infractions répétées» du journal, a expliqué sur la télévision d'État un responsable de la commission, Mohammad Ali Ramin.

Face à «l'entêtement du journal à enfreindre les règlements (...) la commission n'avait pas d'autre choix que de l'interdire», a ajouté M. Ramin, également ministre adjoint de la Culture chargé des médias.

Il a fait valoir que l'instance avait fait preuve «d'un certain degré d'indulgence» en ne révoquant pas la licence du journal, le dossier étant transmis à la justice.

La commission chargée de la surveillance de la presse a en revanche révoqué la licence de l'hebdomadaire Iran Dokht (La fille de l'Iran), propriété de la femme et d'un fils de M. Karoubi, pour «non conformité avec la loi sur la presse», selon l'agence Isna.

À l'origine, Iran Dokht était un magazine féminin mais, à la faveur d'un changement de son équipe éditoriale, il avait pris depuis deux à trois mois une tournure beaucoup plus politique.

Ses locaux avaient été perquisitionnés en décembre par les forces de sécurité au moment de la prise de fonctions de son nouveau rédacteur en chef, Mohammad Ghoochani. Un de ses collaborateurs et militants des droits de l'Homme, Emadeddine Baghi avait été interpellé. Il se trouve toujours sous les verrous.

Etemad avait par ailleurs rapporté début février l'arrestation du chef du service politique d'Iran Dokht, Akbar Montajabi.

De nombreuses publications liées au mouvement réformateur ont été fermées après l'arrivée à la présidence de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2005 ainsi qu'à la suite de sa réélection contestée le 12 juin dernier.

Plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées pour leur participation à ce mouvement de contestation emmené par les anciens candidats à la présidentielle Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi.

La plupart ont été libérées mais plusieurs centaines, notamment des dizaines de responsables réformateurs, de journalistes et de militants des droits de l'Homme, sont toujours en prison.