Au moins 16 personnes, dont quatre Indiens, un Français, un Italien et des policiers et civils afghans, ont été tuées vendredi dans une attaque coordonnée de kamikazes talibans qui visaient des résidences hôtelières abritant des étrangers en plein centre de Kaboul.

À l'aube, un premier kamikaze a fait exploser sa voiture piégée devant l'une de ces résidences, l'Aria, pendant que deux autres, équipés de vestes bourrées d'explosifs, pénétraient dans une autre située juste à côté, le Park Residence, a raconté le chef de la police de Kaboul, le général Abdul Rahman Rahman.

Un client italien dans l'hôtel renseignait les policiers au téléphone sur la position des assaillants quand il a été abattu par l'un d'eux, a poursuivi le général Rahman. «C'était un homme courageux et ils nous a fourni de précieuses informations grâce auxquelles la police a pu évacuer sains et saufs quatre autres Italiens», a expliqué le chef de la police.

Puis, tandis que des clients et du personnel s'échappaient du Residence Park par les fenêtres, selon un photographe de l'AFP, les policiers ont pris d'assaut l'immeuble. L'un des kamikazes a fait exploser sa bombe dans une chambre, tuant trois policiers, et le second a résisté un temps avant d'être abattu, toujours selon le récit du général Rahman.

Le bilan total est de 16 morts, dont quatre Indiens et l'Italien, a confirmé le président afghan Hamid Karzaï.

Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a annoncé à Paris qu'un «Français de passage à Kaboul» avait été tué dans l'attaque.

Trois des Indiens tués sont des employés du consulat, selon un responsable de l'ambassade qui a requis l'anonymat.

«Nous revendiquons» l'attaque, a déclaré à l'AFP Zabihullah Mujahed, un porte-parole des talibans. «Huit de nos combattants ont mené l'attaque, un a fait exploser sa voiture piégée devant un hôtel, deux autres ont également fait exploser leurs bombes, les autres sont toujours sur place», a-t-il assuré au téléphone.

L'insurrection des talibans s'est considérablement intensifiée et s'est étendue à la quasi-totalité du pays ces deux dernières années, frappant de plus en plus souvent dans Kaboul même, au moyen d'attentats suicide ou d'attaques de commandos.

La dernière remontait au 18 janvier, quand des insurgés lourdement armés et des kamikazes avaient attaqué un centre commercial en plein coeur de la capitale, tuant cinq personnes.

Cette nouvelle attaque survient alors que quelque 15 000 soldats des forces internationales et afghanes engagés depuis 13 jours dans une vaste offensive contre un bastion des talibans dans la province du Helmand (sud), ont quasiment repris les lieux aux insurgés.

Jeudi, le drapeau afghan a été hissé à Marjah, une petite bourgade principale cible de l'opération Mushtarak (Ensemble), aux mains des talibans depuis deux ans, mais quelques combats sporadiques et des mines ralentissaient encore quelque peu la progression des forces internationales dans les environs.

Le président Barack Obama, dont les soldats composent deux tiers des forces internationales, avait annoncé en décembre l'envoi de 30 000 soldats américains en renfort d'ici à l'été, qui seront rejoints par quelque 10 000 militaires d'autres pays de l'OTAN.

Malgré la présence de 121 000 soldats des forces internationales pour l'heure, les actions de guérilla et les attentats des talibans déciment de plus en plus de militaires étrangers. Après 520 morts en 2009, de très loin l'année la plus meurtrière en huit ans de guerre, près de 100 soldats étrangers ont déjà péri en Afghanistan dans les deux premiers mois de 2010.