Un important parti sunnite a annoncé samedi son boycottage des législatives du 7 mars en Irak en raison de «l'interférence» iranienne, mais cette décision devrait avoir un impact limité sur une communauté qui a payé cher son refus de participer au scrutin de 2005.

Le Front du dialogue national, qui comptait neuf députés dans la dernière législature, n'est pas parvenu à convaincre ses alliés laïcs du Bloc irakien de l'ancien Premier ministre Iyad Allawi de se joindre à la démarche.

Ce dernier espère profiter de la popularité dont il pense bénéficier dans les régions sunnites et dans une frange de l'électorat chiite pour revenir au pouvoir après une éclipse de cinq ans.

Pour Hamdiya al-Husseini, une haute responsable de la commission électorale, il s'agit d'un retrait purement symbolique. «Selon la loi électorale, aucun retrait n'est autorisé alors que les bulletins de vote ont déjà été imprimés», a-t-elle dit à l'AFP.

Dans un communiqué, le porte-parole du Front Haïdar al-Mollah avait annoncé la décision de sa formation de «boycotter le scrutin et d'inviter les autres entités politiques à en faire autant (...) car elle ne pouvait pas participer à un processus électoral dirigé par des forces étrangères».

Il s'appuyait sur les remarques du général Ray Odierno, commandant des troupes américaines en Irak, qui avait accusé mardi deux responsables politiques irakiens au coeur d'une polémique sur l'élimination de candidats aux législatives d'avoir des liens avec les Gardiens de la révolution iraniens.

Dirigée par Ali al-Allami et Ahmed Chalabi, la Commission responsabilité et justice a éliminé près de 500 candidats, dont Saleh al-Motlaq, le leader du Front, pour des liens présumés ou apologie du parti Baas de Saddam Hussein.

Le général Odierno avait assuré que MM. Allami et Chalabi avaient participé à plusieurs réunions en Iran avec un proche collaborateur du commandant de la Force al-Quds, l'unité des Gardiens de la révolution chargée des opérations secrètes.

La décision du Front de boycotter le scrutin constitue un changement radical. Lundi, Saleh al-Motlaq avait dit à des chefs de tribus: «Ils veulent que nous boycottions les élections mais nous ne leur ferons pas ce plaisir car nous avons encore en bouche le goût amer du boycottage en 2005.»

La communauté sunnite, qui représente un quart de la population, était sous-représentée au Parlement à cause de son refus massif de participer au scrutin de décembre de 2005, tant en raison des menaces des rebelles que du refus d'accepter après 80 ans de domination que les chiites puissent prendre les commandes.

Selon les analystes politiques interrogés par l'AFP dans les régions, le Bloc irakien --qui regroupe 22 composantes-- arriverait en tête dans trois des quatre provinces à majorité sunnites: Anbar à l'ouest, Ninive au nord et Salahedine au centre. Dans le gouvernorat de Diyala, au nord-est de Bagdad, il se place derrière le Front de la Concorde, une coalition sunnite.

«Je voterai pour le Bloc irakien que Moutlaq participe ou pas. Allawi et (le vice-président Tarek) al-Hachémi sont des figures patriotiques et nous irons aux urnes car nous ne voulons plus perdre notre vote», a déclaré à l'AFP Haïdar Ali Mahmoud, un mécanicien de 41 ans à Samarra, à 110 km au nord de Bagdad.

Dans la ville pétrolière de Kirkouk, où s'opposent Arabes et Kurdes, Mohammad Ali Tamim, candidat sur la liste du Front du dialogue irakien, a affirmé que «les gens voulaient voir annuler la décisions de boycottage».

«Face aux Kurdes, nous maintenons notre candidature pour affirmer l'identité irakienne de la ville.»