Des combats sporadiques opposaient jeudi les talibans aux troupes internationales et afghanes au sixième jour d'une vaste offensive à Marjah, un fief taliban du sud de l'Afghanistan dont le contrôle pourrait nécessiter encore une trentaine de journées de combat.

De «25 à 30 jours» seront nécessaires aux troupes afghanes et de l'Otan pour prendre le contrôle de Marjah, où elles font face à la «résistance tenace» des insurgés, a affirmé jeudi le général britannique Nick Carter, chargé des forces de l'Otan dans le sud de l'Afghanistan, qui s'exprimait depuis l'Afghanistan lors d'une vidéoconférence au Pentagone.

«L'opération progresse conformément au plan. Nos unités ont le contrôle de Marjah», a toutefois déclaré à l'AFP le général Shair Mohammad Zazaï, commandant de l'armée afghane dans le sud de l'Afghanistan. Il s'exprimait à Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, grenier à pavot de l'Afghanistan, et au coeur de laquelle est nichée la ville de Marjah.

«Il n'y a pas de résistance contre nous à Marjah sauf des tirs sporadiques à partir des toits de maisons mais quand nous arrivons dans le coin, ils (les talibans) disparaissent», a relativisé le général Zazaï.

L'Otan a annoncé que quatre de ses soldats avaient été tués jeudi, trois par des mines et un autre par balle, sans préciser leur nationalité. Londres a de son côté indiqué avoir perdu deux soldats jeudi.

Par ailleurs, une erreur de tir dans un bombardement attribué à l'Otan a coûté la vie à sept policiers afghans et en a blessé deux autres dans la province de Kunduz (nord), selon un porte-parole du ministère afghan de l'Intérieur.

A Kaboul, le commandement de l'Otan a indiqué que «des insurgés quittent la zone même si des combattants ennemis continuent d'attaquer en combat direct les forces afghanes et de l'Otan».

Le général Zazaï a souligné que les bombes artisanales laissées par les insurgés avaient «ralenti» la progression des 15 000 soldats afghans et étrangers engagés dans l'opération Mushtarak (Ensemble).

«Pour le moment, nous sommes occupés à nettoyer la zone de ces bombes», a dit le général afghan.

A Marjah, les GI's continuaient d'essuyer des tirs des talibans et participaient au déminage des routes, a constaté un journaliste de l'AFP. Ils distribuent également des radios rechargeables aux paysans.

L'objectif de l'offensive est de reprendre la zone aux insurgés et aux barons de la drogue. Une fois les talibans délogés, la seconde phase de l'opération doit permettre de restaurer l'autorité de Kaboul dans cette zone.

Jeudi, de nombreux bulldozers et véhicules anti-mines sont arrivés à Marjah, de même que des camions amenant du matériel de construction pour, selon des responsables militaires sur place, entamer la construction d'une nouvelle base dans la localité.

Au lendemain de l'annonce de la capture du mollah Abdul Ghani Baradar, présenté comme le chef militaire des talibans, le Pentagone a indiqué que deux autres hauts responsables talibans ont été appréhendés.

«Il semble que les talibans ont perdu deux +gouverneurs fantômes+», a dit à l'AFP un responsable militaire américain. Il s'agit du mollah Abdul Salam et du mollah Mir Mohammed selon le New York Times.

Les talibans ont mis en place une structure parallèle (ministres, gouverneurs, police et juges) prête à assurer la conduite des affaires en cas de retour au pouvoir.

Selon un haut responsable du renseignement militaire de l'Otan à Kaboul, «les talibans ont un gouvernement fantôme dans 33 des 34 provinces du pays».