Les talibans utilisent des civils comme boucliers humains pour se protéger et ralentir la progression des forces internationales et afghanes vers Marjah, un fief taliban du sud de l'Afghanistan, a accusé mercredi l'armée afghane.

A Washington, la Maison Blanche a estimé que cette offensive contre les insurgés dans la province du Helmand se déroulait «bien», après une réunion du conseil de guerre en Afghanistan dirigée par le président Barack Obama.

Depuis samedi, quelque 15 000 soldats afghans et étrangers sont engagés dans l'opération Mushtarak («Ensemble» en dari) en plein coeur du Helmand.

«L'opération Mushtarak est en bonne voie. Les talibans (...) opposent de la résistance et sont rusés», a déclaré dans la journée le commandement des forces internationales dans un communiqué.

«Le nombre de mines est considérable dans ces zones, et les forces combinées (afghanes et internationales, ndlr) doivent être très mesurées dans leurs mouvements pour minimiser les pertes», a ajouté l'Otan.

L'armée afghane a de son côté accusé les talibans d'utiliser les civils comme boucliers humains.

«Ils ont pris des civils en otages. Ils placent femmes et enfants sur les toits des maisons et tirent», protégés par les civils, a déclaré le général Mohaidin Ghori, commandant des forces afghanes dans l'opération Mushtarak.

Cette tactique, combinée à la pose de bombes artisanales, «a ralenti l'avancée de nos troupes», a déploré le général Ghori.

Dans un cas, des talibans ont été vus tirant depuis la fenêtre d'une maison où se trouvaient des civils, dont un enfant en pleurs, selon un rapport d'opérations dont l'AFP obtenu une copie.

Un porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi, a démenti à l'AFP ces accusations, dénonçant des «mensonges».

«Nous n'avons jamais utilisé les civils comme boucliers humains. Nous sommes là, prêts à combattre les envahisseurs en combat direct», a déclaré M. Ahmadi, par téléphone et depuis un endroit inconnu.

Les commandants afghans avaient assuré en début de semaine que la coalition avait pris le contrôle de la quasi-totalité de Marjah et ses environs, un des fiefs des insurgés islamistes et grenier à pavot de l'Afghanistan.

Le gouverneur de la province, Mohammad Gulab Mangal, a pu s'y rendre mercredi et fait hisser un drapeau afghan, symbole de la souveraineté du gouvernement afghan sur une zone contrôlée ces dernières années par les combattants islamistes, au milieu d'un marché désert.

Les magasins étaient très endommagés, signe des combats intenses qui ont opposé ces derniers jours les talibans aux militaires. Des barbelés ont également été déployés en grand nombre pour marquer les zones où auraient été posées un grand nombre de mines artisanales.

Mais le gouverneur a estimé que Marjah n'avait pas encore été complètement «nettoyé» des talibans et des bombes posées pour ralentir l'avancée des troupes afghanes et internationales.

Au cinquième jour de l'offensive, le bilan est de six soldats tués dans les rangs de l'Otan, dont au moins trois Américains et un Britannique, après l'annonce de la mort mercredi d'un soldat dans des combats. Trente talibans auraient été tués. Douze civils ont également péri par erreur.

L'objectif de l'offensive est de reprendre la zone aux insurgés et aux barons de la drogue. Une fois les talibans délogés, la seconde phase de l'opération doit permettre de restaurer l'autorité de Kaboul dans cette zone, selon l'Otan et les autorités afghanes.

L'offensive sur Marjah, un fief taliban parmi d'autres dans la région, pourrait se poursuivre dans d'autres localités de la province.