Le général Ray Odierno, commandant des troupes américaines en Irak, a accusé mardi deux responsables politiques irakiens au coeur d'une polémique sur l'élimination de candidats aux élections législatives d'avoir des liens avec les Gardiens de la révolution iraniens.

Ali al-Allami et Ahmed Chalabi «sont clairement influencés par l'Iran», a déclaré le général, qui s'exprimait devant l'Institute for the Study of War, un centre de réflexion de Washington. «Nous avons des renseignements directs qui nous le disent», a-t-il ajouté.

Ali al-Allami est à la tête d'un comité chargé de faire en sorte que les individus ayant des liens avec le parti Baas de l'ex-dictateur exécuté Saddam Hussein ne puissent se présenter aux élections prévues le mois prochain en Irak.

Ahmed Chalabi, qui fait partie de ce comité, avait été l'instigateur de l'invasion américaine de 2003 avant que ses relations avec Washington ne se détériorent. Il s'est alors rapproché du chef radical chiite Moqtada Sadr.

La polémique sur le choix des candidats autorisés ou non à se présenter aux législatives du 7 mars a créé des tensions interconfessionnelles en Irak et inquiète Washington, qui considère le scrutin comme un test des efforts de réconciliation entre sunnites et chiites avant le retrait américain d'Irak prévu d'ici fin 2011.

Le général Odierno, qui doit être reçu mercredi par le président Barack Obama dans le bureau Ovale, a affirmé qu'Ali al-Allami et Ahmed Challabi avaient participé à plusieurs réunions en Iran avec un proche collaborateur du commandant de la Force al-Quds, l'unité des Gardiens de la révolution chargée des opérations secrètes.

«Et nous pensons qu'ils s'emploient activement à influencer l'issue des élections. Et le fait qu'ils puissent le faire est une source d'inquiétude», a-t-il ajouté, faisant apparemment référence au régime iranien.

Ali al-Allami, emprisonné en 2008 après avoir été accusé par le renseignement américain d'être lié à des attentats visant des civils et des militaires américains à Bagdad, avait dû être relâché en août 2009 faute de preuve.

Il «est impliqué dans des activités très répréhensibles en Irak depuis un certain temps», a déclaré le général Odierno, qui a trouvé «décevant que quelqu'un comme lui ait été chargé de diriger ce comité».

Le général a également affirmé que la présence de Téhéran en Irak se manifestait de manière moins «meurtrière» et était désormais plus axée sur les moyens politiques et financiers d'exercer de l'influence.