Les Etats-Unis ont dévoilé jeudi une nouvelle stratégie civile pour l'Afghanistan, à une semaine de la conférence sur ce pays qui réunira une soixantaine d'Etats à Londres le 28 janvier.

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband, invité pour l'occasion à Washington, a longuement témoigné devant le Sénat après avoir rencontré son homologue américaine Hillary Clinton au département d'Etat.

Sa présence à Washington a en quelque sorte donné le coup d'envoi de la conférence, dont Londres et Washington espèrent que sortira un engagement civil et militaire substantiel des soixante Etats participants annoncés.

Côté américain, la «Stratégie régionale de stabilisation de l'Afghanistan et du Pakistan», préparée par l'émissaire américain Richard Holbrooke, promet d'établir une «relation à long terme» avec ces pays.

Dévoilée moins de deux mois après l'annonce de renforts militaires massifs en Afghanistan par le président américain Barack Obama, elle vise à affaiblir l'extrémisme via l'action politique et l'aide économique.

«Loin d'un exercice de "construction d'Etats", ces programmes ciblent un niveau réaliste de progrès dans des secteurs essentiels», a indiqué dans un communiqué Mme Clinton. Et à la différence de la guerre, ils ne seront pas limités dans le temps.

En Afghanistan, l'administration Obama souhaite augmenter de 20 à 30% en 2010 le nombre des conseillers civils américains présents dans le pays, qui serait aujourd'hui d'environ un millier. Nombre d'entre eux seront affectés à un plan de développement de l'agriculture.

Dans la lutte contre les talibans et Al-Qaïda, les Etats-Unis veulent frapper plus fort les flux financiers soutenant les combattants islamistes, tout en favorisant «la réintégration des talibans qui se détournent du réseau».

Washington mise aussi sur la technologie pour contrer la propagande islamiste. Son plan prévoit de favoriser l'accès «aux téléphones portables, à la radio et à la télévision».

La stratégie s'applique aussi au Pakistan, allié crucial mais difficile de Washington dans la lutte contre Al-Qaïda.

«Nous voulons bâtir un partenariat de long terme avec le Pakistan, fondé sur nos intérêts communs et reconnaissant que nous ne pouvons pas tolérer l'existence de lieux sûrs pour des terroristes dont la situation géographique est connue», peut-on lire dans le document d'une quarantaine de pages.

Nouveau programme d'assistance

Les Etats-Unis préparent notamment «un nouveau programme d'assistance» à long terme, en complément de l'aide de 7,5 milliards de dollars à Islamabad votée à l'automne à l'initiative du Congrès.

La situation au Pakistan est cependant bien plus complexe que celle qui prévaut en Afghanistan, et l'influence de l'Amérique dans ce pays «est nécessairement limitée», a admis M. Holbrooke devant les sénateurs jeudi.

La future stratégie, pour laquelle Barack Obama doit réclamer des fonds au Congrès, prévoit enfin de «bâtir la coalition la plus large possible pour aider l'Afghanistan et le Pakistan à devenir plus stables et prospères».

La mobilisation civile et militaire de la communauté internationale était aussi au centre des propos du secrétaire au Foreign Office jeudi.

La conférence de Londres, a indiqué David Miliband, «sera un appel très clair à tous les pays afin qu'ils mobilisent leurs ressources tant civiles que militaires». Elle devra donner, a-t-il insisté, «l'élan» pour stabiliser l'Afghanistan.