Un influent chef islamiste yéménite, cheikh Abdelmajid Zendani, soupçonné par Washington de soutenir le terrorisme, a appelé vendredi au jihad pour défendre le Yémen s'il venait à être attaqué ou occupé, dans un prêche dans une mosquée de Sanaa.

«Dès lors que l'ennemi s'invite sur notre terre et vient nous occuper, notre religion nous impose le jihad», a dit cheikh Zendani, en expliquant une fatwa émise la veille par les oulémas du Yémen à des centaines de fidèles, venus l'écouter pour la prière musulmane du vendredi.

«C'est un devoir religieux dicté par Allah (Dieu)», a-t-il dit, ajoutant sur un ton ferme: «cet ordre d'Allah, personne ne peut l'annuler (...), ni un roi, ni un président (...), ni un ouléma».

Les oulémas du Yémen ont menacé jeudi de proclamer le jihad en cas d'intervention étrangère et affiché leur rejet de toute coopération militaire avec Washington. Ils ont justifié leur fatwa par un «complot» tramé contre leur pays.

«Nous refusons l'ingérence de quiconque dans les affaires yéménites», a proclamé cheikh Zendani, ajoutant à l'adresse des fidèles que «le droit à l'autodéfense est un devoir».

Il a qualifié de «déclaration de guerre» des informations de presse parues aux États-Unis selon lesquelles, a-t-il dit, le régime yéménite serait «en faillite» et qu'il revenait aux forces américaines et de l'OTAN d'intervenir pour «contrôler les sources du pétrole au Yémen».

Il s'est en outre attaqué à la conférence internationale sur le Yémen, prévue le 28 janvier à Londres et qui est, selon lui, destinée à placer le Yémen «sous mandat».

Cheikh Zendani a exhorté ses compatriotes à promouvoir la fatwa sur le jihad notamment «dans les médias et sur la Toile», appelant les pays arabes et islamiques à soutenir le Yémen «avant que ne se produise la catastrophe».

Un tel soutien pourrait se concrétiser par «des marches, des manifestations et des protestations» à mener rapidement «et pas avant que nous ayons subi la catastrophe à l'instar de l'Irak et de l'Afghanistan».

«La nation islamique ne restera pas les bras croisés face à ces croisades», a-t-il encore dit.

«Pour nous défendre et défendre notre pays et notre territoire, nous n'avons peur que d'Allah (...). Et nous sommes confiants dans la victoire», a-t-il poursuivi devant la foule des fidèles qui, à un moment de son prêche, a accueilli ses propos par des cris d'«Allahou Akbar» (Dieu est le plus grand).

La capacité du Yémen à combattre les groupes extrémistes, dont Al-Qaeda, qui se trouvent sur son territoire est au coeur des débats à Washington après la tentative d'attentat sur un avion de ligne américain le jour de Noël par un Nigérian qui aurait été radicalisé lors d'un séjour au Yémen.

Mais Sanaa a exclu un déploiement de troupes étrangères dans le pays et le président Barack Obama a indiqué récemment qu'il ne l'envisageait pas.