Deux journalistes français et leurs trois accompagnateurs afghans ont été enlevés mercredi à 60 km au nord-est de Kaboul, a annoncé jeudi à l'AFP une de leurs consoeurs à Kaboul, alors que leur employeur France Télévisions disait être sans nouvelles d'eux depuis deux jours.

L'enlèvement s'est produit à une soixantaine de km de Kaboul, dans la province montagneuse de Kapisa où sont déployés environ 700 soldats des 3 750 soldats que la France compte en Afghanistan et dans les pays voisins, dont 3 300 sur le sol afghan.

L'armée française a pris en juin 2008 le relais des Américains dans cette région instable, marqué par le présence de groupes armés rebelles talibans et du Hezb-e-Islami. Depuis, de nombreux journalistes français s'y rendent avec l'armée ou par leurs propres moyens.

L'enlèvement a été annoncé à l'AFP à Kaboul par une journaliste française qui travaille avec eux, sous le couvert de l'anonymat. Les deux journalistes, leur traducteur afghan et le frère et le cousin du traducteur qui les accompagnaient «ont été enlevés sur la route entre Surobi et Tagab», a-t-elle indiqué.

Selon elle, les cinq hommes ont été enlevés par «des talibans qui leur ont tendu un guet-apens» dans le village d'Omarkheyl, à mi-chemin entre Surobi et Tagab.

«On est sans nouvelles depuis 48 heures», a déclaré pour sa part Paul Nahon, le directeur des magazines du groupe France Télévision, ajoutant que le journaliste et son cameraman de la chaîne France 3 étaient venus en Afghanistan pour une quinzaine de jours pour réaliser un magazine.

En visite sur les bases françaises en Afghanistan pour le Nouvel An, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a également indiqué être «sans nouvelles» des deux journalistes français et n'avoir reçu «aucune revendication d'aucun groupe».

«Aucune hypothèse n'est donc à exclure et nous mettons en oeuvre tous les moyens pour entrer en contact avec eux», a ajouté le ministre sur la base française de Nijrab, au nord-est de Kaboul.

L'équipe de journalistes était arrivée mercredi matin dans le village de Surobi pour rencontrer un contact qui devait leur permettre d'aller ensuite sur la route de Tagab. Mais selon la journaliste française, «le contact a prévenu les talibans qui ont tendu un guet-apens à nos journalistes».

C'est près de Surobi qu'à la mi-décembre, plus de 1 100 soldats, dont 800 légionnaires français et des commandos afghans et américains, avaient mené une opération d'envergure, où cinq soldats américains avaient été blessés.

Et c'est dans le sud de cette vallée qu'en août 2008, 10 soldats français avaient été tués lors d'une embuscade des talibans.

Les journalistes sont une cible de choix pour les talibans et les groupes criminels attirés par la perspective d'une très importante rançon.

Quelques dizaines de ressortissants étrangers, dont de nombreux journalistes, ont ainsi été enlevés depuis l'invasion occidentale qui a fait tomber le régime des talibans à la fin 2001.

Beaucoup ont été libérés après quelques semaines de captivité, mais certains ont dû attendre plusieurs mois, voire plus, avant d'être libérés.

A la mi-décembre, trois journalistes qui travaillaient pour le Guardian, deux Afghans et un Irakien, avaient ainsi été libérés après avoir été brièvement pris en otages dans l'est du pays, près de la frontière pakistanaise.

En novembre, un journaliste norvégien et son interprète afghan avaient été retenus pendant une semaine dans la même région avant d'être libérés.

Début septembre, un journaliste britannique du New York Times, Stephen Farrell, et son collègue et interprète afghan Sultan Munadi avaient été enlevés dans la province de Kunduz (nord). Stephen Farrell avait été libéré quelques jours plus tard par un commando de l'Otan, une opération qui a provoqué une vive polémique car elle s'est soldée notamment par la mort de son interprète afghan.