L'Irak, qui a réussi a juguler la violence, doit tenir en mars ses deuxièmes élections législatives depuis la chute de Saddam Hussein, étape indispensable à la stabilité du pays au moment où les troupes américaines doivent réduire de moitié leur présence dans ce pays.

Outre ces signes de normalisation, l'Irak affiche de grandes ambitions pétrolières en voulant produire 12 millions de barils (mbj) de brut par jour en 2016, après l'attribution pour la première fois depuis 35 ans de ses principaux champs pétroliers à des compagnies étrangères.

Selon les chiffres officiels, 3.114 civils, militaires et policiers irakiens ont été tués entre janvier et novembre 2009. Ce chiffre, énorme en comparaison avec des pays pacifiés, révèle une remarquable baisse par rapport aux 6 798 morts de 2008, aux 17 783 de 2007 et aux 34 452 de 2006, quand les violences confessionnelles étaient à leur apogée.

Affaibli par la défection de milliers de combattants sunnites qui ont retourné leurs armes contre lui, le réseau Al-Qaïda a dû changer de stratégie. Il a abandonné la guerre confessionnelle qui n'a pas abouti à l'éclatement du pays pour mener des actions spectaculaires contre des institutions étatiques à Bagdad.

Les 19 août, 25 octobre et 8 décembre, des voitures piégées souvent conduites par des kamikazes ont visé des bâtiments publics tels que les ministères des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice, le gouvernorat de Bagdad et un grand tribunal, faisant au moins 386 tués et 1 500 blessés.

Ce nouveau mode opératoire a pris de court le Premier ministre et les ministres chargés de la sécurité, qui ont dû s'expliquer devant le Parlement sur l'incapacité du gouvernement à faire face à ces attaques.

Ce sujet sera un des thèmes des élections législatives du 7 mars auxquelles les sunnites, qui ont perdu le pouvoir en 2003 après 80 ans de domination, devraient participer en masse. En 2005, ils s'étaient largement abstenus, entraînant leur sous-représentation dans un Parlement dominé par les chiites et les Kurdes.

La tenue de ces élections devraient aussi donner le signal de la deuxième et avant-dernière étape du retrait des forces américaines, dernier contingent de la Force multinationale qui avait envahi le pays il y a plus de six ans. Son nom changera d'ailleurs au début de l'année pour devenir les Forces américaines en Irak (USF-I).

Le 30 juin, elles se sont déjà retirées des villes et des localités en transférant le pouvoir aux forces de sécurité irakiennes. A la fin août 2010, 50 000 troupes de combat auront quitté l'Irak et il ne restera qu'une force résiduelle de 65 000 hommes qui partira au plus tard fin 2011.

Si les services de première nécessité comme l'électricité et l'eau courante ne sont toujours pas disponibles pour tous les citoyens et si la reconstruction marque le pas malgré les promesses des dirigeants, l'Irak a franchi un pas important dans l'exploitation de sa première source de revenus: le pétrole.

Le pays pourra théoriquement produire 12 mbj en 2016 après l'attribution en juin et décembre de l'exploitation de dix champs pétroliers à des compagnies étrangères.

Alors qu'il n'extrait actuellement que 2,5 mbj, «la production de l'Irak atteindra dans six ans 12 mbj ce qui en fera le premier producteur au monde», affirme le ministre irakien du Pétrole Hussein Chahristani.

«Cela rapportera à l'Irak 200 milliards de dollars dans six ans. Il reste encore 50 champs pétroliers qui n'ont pas encore été proposés» aux investisseurs, estime-t-il. Une manne indispensable pour remettre en état un pays qui fut ruiné par 25 ans de guerres et d'embargo international.